Si on peut admettre l’axiome que certains osent tout et qu’en définitive c’est à cela qu’on peut facilement les reconnaître alors remercions donc chaleureusement le Professeur Michel Komajda ci-devant cardiologue à Paris mais aussi tous ses cosignataires J. Bezin, R.Bordet, E.Bruckert, I. Durand, D. Leys, N. Moore, PF. Plouin et J. Raude pour avoir porté à la connaissance du public un travail estampillé commission IV de l’Académie de Médecine (française, hélas) intitulé « Efficacité et effets indésirables des statines, évidences et polémiques » (1)
Le choix des rédacteurs: que des mauvaises surprises!
1- Un étonnement préliminaire, un membre n’est pas du tout issu de la filière médicale ni pharmaceutique. Non que cette qualité nous semble représenter un préalable obligé pour statuer sur la pertinence des traitements hypocholestérolémiants, quoique quand même, admettons que sa présence pourrait s’admettre ès qualité de statisticien hors-pair, mais alors pourquoi n’être intervenu dans aucune critique des études présentées? Nous l’y aiderons.
2- Une remarque sexiste, une composition de rédacteurs contenant 20% de femme quand la profession médicale se trouve largement représentée à plus de 55% dans les faits, il faut sûrement comprendre que les exigences de la vie dans cette Académie impose plus de rigueur intellectuelle que le pauvre sexe faible ne pourrait raisonnablement supporter.
3- Une précision géographique, un curieux axe Lille-Paris-Bordeaux qui truste à lui seul 90% des rédacteurs, probablement parce qu’il est sûrement plus facile de rédiger entre soi quand le propos ne correspond à aucune réalité ni scientifique, ni de terrain.
4- Un décompte habituel et tristement banal, deux des neuf rédacteurs de cette contribution n’admettraient au départ aucun conflit d’intérêt avec les marchands de statines. Attention aux mensonges éhontés, ils courent les rues sur les sujets d’indépendance… Tout le monde a donc bien compris que les sept autres (donc au moins 80%) vivent sous une influence commerciale certaine voire absolument permanente, affichée, revendiquée, ce qui nous oblige à nous remémorer quelques souvenirs semi-récents particulièrement pénibles quant à l’authenticité des injonctions thérapeutiques proférées par de tels leaders médicaux sous influence notoire. (2)
Les statines, pourquoi les défendre encore en 2018?
La question fait vraiment débat, mais pourquoi l’Académie Nationale de Médecine a-t-elle pris autant de risque, jusqu’au ridicule? Première hypothèse, afin de retarder l’instant de la honte abominable.
Ce sera inévitable pour ceux qui le moment de vérité venu seront frappés de plein fouet par le scandale de vingt-cinq ans de statines inutiles et dangereuses, que leurs carrières complètes les aient vu prescrire des hypocholestérolémiants au-delà du raisonnable et qu’ils aient accepté des contrats publicitaires insensés afin d’influencer la pratique de leurs Confrères et l’intellect de leurs étudiants.
Deuxième hypothèse qui n’exclut surtout pas la première, une nouvelle commande de leurs donneurs d’ordres industriels de toujours…
Pour les rieurs, régalez-vous de cette perle issue du cru de Décembre 2016 (3) et qui disait ceci; « L’Académie Nationale de Médecine souhaite donc mettre en garde les patients à risque cardiovasculaire élevé sur les conséquences potentiellement dangereuses pour leur santé qu’un arrêt intempestif des statines ou de tout autre traitement hypocholestérolémiant leur ferait courir : cet arrêt augmenterait le risque de récidive d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral. Elle recommande vivement aux patients de consulter leur médecin avant de prendre toute décision dans ce domaine ».
Comment ne pas se souvenir que pourtant la HAS (avait édité trois mois auparavant en Septembre de la même année un guide de parcours des soins recommandant exactement le contraire de ce que nos Académiciens voulaient affirmer déjà à l’époque? Quelle valeur accorder à leurs avis tarifés en 2018…
Manifestement l’Académie Nationale de Médecine n’a que faire de ces sous-fifres de la HAS…
Le coup (éculé) de la revue de littérature exhaustive
Naturellement tout travail sérieux sur un sujet aussi vaste, celui de l’utilisation des statines en prévention primaire ou secondaire (distingo grotesque) ne peut se réaliser qu’après une nouvelle méta-analyse d’ampleur incluant toutes les études mises de côté par les rédacteurs aux ordres? Et en ayant impitoyablement repoussé toutes les parutions les plus trafiquées? l’Académie de Médecine souhaite évidemment reconnaître la demande légitime portée par 450.000 signataires assoiffés de vérité à propos des statines (4)? Naturellement pas, rien ne change! A nouveau la parole aux pires études et aux auteurs les plus commis du monde.
Qui parle des vingt ans de travaux et de parutions du Dr Michel de Lorgeril (AIMSIB) autour du sujet du cholestérol et des statines? Personne. Des recalculs de Philippe Even (AIMSIB) autrement que pour les repousser sans aucune critique de fond (5)? Encore personne. Des articles et réactions émanant de JPA. Ioannidis (Stanford Univ.), U. Ravnskov (THINKS, AIMSIB), EN Curtis (Berkeley Univ.), PC. Götzche (Cochrane Europe), H. Okuyama (Nagoya Univ.), R. Hayward (Ann Arbor Univ.), HM Krumholz (Yale Univ.), M. Kendrick (Berkeley Univ.), R. Smith ( US Air Force), DC. Lundell (Lutheran Heart Hospital), B. Gollomb (California Univ.)T. Hamazaki (Tokyo Univ.), K. Chand (British Médical Association), R. Thompson (Royal College of Physicians), C. Gerada (New York Univ.), D. Newman, (New York Univ.), etc… qui tous hurlent à la dénonciation d’une arnaque planétaire qui dure depuis plus de vingt ans?
Mais le statisticien non médecin, ne nous dites pas qu’il a accepté contre rien cette cosignature sans rien apporter de scientifique en retour, lui aussi?
Les effets secondaires avoués des statines, la honte consommée de l’Académie de Médecine (française, hélas)
Incroyable mais vrai, quatre effets adverses seulement sont mentionnés, dont un qui ne sera même pas développé. L’Aimsib complétera l’éducation de nos élites.
1- Les diabètes induits; On rappelle avec quelles difficultés et après combien d’années de combat les firmes du médicaments ont fini par plier puis prévenir les usagers comme les prescripteurs de survenues ou d’aggravations de diabètes sous statines. Souvenons-nous que cet effet adverse redoutable a donné lieu en France à un exceptionnel travail de fond du Dr Philippe Nicot, Médecin généraliste (6) et qui conduisit un remarquable travail de Thèse ne laissant aucun doute sur le sujet. (7)(8) Comment notre Académie peut-elle écrire en 2018 qu’il existe une « controverse » sur le sujet? En se référant à des études bidonnées remontant à 1995 en plus? Honte à eux!
2- Les pathologies musculaires; L’affaire est close, n’en jetez plus! ces effets adverses sont inégalement ressentis et leurs fréquences dramatiquement décomptées. Lisez-nous! (9)(10)(11) puis lisez l’Académie, 5% de myalgies dues aux statines… Et un arrêt de ces produits juste recommandé en cas d’augmentation des CPK supérieure à 5 fois la normale (1, p.10). Pauvre France!
3- Les troubles hépatiques sont cités, mais décrits en une seule phrase, « les hépatites sont rares et les insuffisances hépatiques exceptionnelles ». Donc leurs implications possibles voire très probables dans la genèse des redoutables stéatoses hépatiques non alcooliques (NASH)? Trop compliqué pour un lecteur de base?
4- les troubles neuro-psychiatriques, cités mais « non confirmés par la littérature », non mais sans blague? Comment expliquer alors que les industriels en charge de commercialiser les anti-PCSK-9, anticholestérols de génération suivante, aient juste essayé de tester leurs potentiels neuro-toxiques non pas contre placebo mais contre… des statines? (12)
La palette des effets secondaires neuro-psychiatriques liés à l’utilisation des statines est quasiment sans limite, anxio-dépression, démences de tous types dont Alzheimer, insomnies, troubles majeurs du caractère, agravation des myasthénies, paralysie des muscles moteurs de l’oeil, il faut l’écrire et le faire savoir à nos académiciens!
On rappelle au final qu’un ouvrage complet a été édité en 2016 et qui ne traitait que des effets secondaires des statines (11), il est en langue française mais n’est pas (encore) parvenu aux cerveaux de nos Académiciens… Sûrement parce que cet ouvrage est trop récent!
Les effets secondaires que l’Académie de Médecine ne veut pas évoquer au sujet des statines
1- Troubles sexuels massifs par baisse des synthèses hormonales donc baisse du désir sexuel dans les deux sexes et impuissance chez les hommes, merci du double cadeau pour les couples,
2- Insuffisances rénales aigues possibles, particulièrement à l’induction de fortes doses,
3- Flambée indiscutable des cataractes sous statines,
4- Cancérogénicité certaine des statines, il est tellement simple d’étudier ces produits sur des durées courtes afin de ne pas se heurter aux effets des moyens et longs termes!
Selon certains auteurs (11) les statines admettraient un pouvoir carcinogène largement supérieur au tabac car là où le tabac augmente le risque de développer un cancer en une trentaine d’années il n’en faudrait pas plus d’une dizaine avec les statines!
Cesser son traitement par statines, la mortalité ne remonte que dans les statistiques sous influence
L’argumentation est ancienne et portée en France par des travaux dont l’ineptie est confondante (14). La plus en cour est reprise ici parce que l’un de nos malheureux co-rédacteurs académiques en est le responsable (15), On rappelle que le journal utilisé pour sa parution gît aux fins fonds de la crédibilité éditoriale mondiale (16) (17) et qu’il appartient… aux firmes du médicament!
Il était annoncé que la mortalité cardio-vasculaire française de 2013 avait bondi de 10.000 morts en 2013 après que de nombreux patients aient interrompu leurs statines suite à la lecture de l’ouvrage de notre ami et membre le Pr Philippe Even (5):
Manque de chance pour eux le Dr Michel de Lorgeril devait mettre à bas tous ces savants calculs d’une manière définitive, c’était ici (18), toute l’AIMSIB en rit encore, regardez!
Des détracteurs maison qui demandent à conserver l’anonymat
Imaginez comme l’ambiance doit être délètère et pesante à l’Académie, même Medscape (19) pourtant aux ordres des firmes en rajoute et nous apprend que les médecins opposés à ce texte ne souhaitent pas être repérés…
Le conspirationnisme médical n’attend que des pages officielles pour pouvoir s’exprimer correctement
Ainsi lit-on page 15: « L’émergence d’un marché cognitif autour du conspirationnisme médical a par ailleurs permis de professionnaliser la diffusion de ces thèses hétérodoxes – dans la mesure où de nombreux acteurs ont su opportunément se saisir de ces nouveaux sujets pour accroitre leur visibilité, ou plus prosaïquement pour transformer la curiosité et l’intérêt de nos concitoyens pour les questions de sécurité sanitaire en ressources économiques ».
On parle de nous! sauf qu’hélas, à part des adhésions annuelles à 30 euro qui donnent gratuité totale à nos congrès, nous ne vendons rien. Mais on donne de la cognition!
Les Académiciens sont-ils détestés même chez eux?
Oui. De manière incroyablement certaine, les chiffres parlent d’eux-mêmes et devraient horrifier tous ces auteurs rémunérés. Il semble que 76 membres de l’Académie aient été appelés à se prononcer sur le vote de ce texte. Si 43 l’ont voté tel quel, 19 ont souhaité le contester et ce sont abstenus. L’honneur de la Médecine est sauf avec 14 membres supplémentaires, outrés, qui ont osé s’élever contre la discipline de groupe, montrer leurs désaccords et donc ont voté contre la diffusion de ce texte. Merci à eux, tout ne serait pas perdu alors?
Conclusion
L’Académie Nationale de Médecine est née en 1820. Si des générations de médecins et de scientifiques se sont succédées pour le plus ou moins grand bonheur de l’Humanité, il semblerait hélas que 2018 représente un des crus les plus épouvantables de son histoire, (on n’oublie pas l’affaire Montagnier de cette fin d’hiver). La faute aux pratiques corruptrices sans limite gangrénant la profession médicale et qu’aucune autorité ne semble pouvoir juguler .
En 1820 on savait fesser les marots… Souhaitons qu’on se souvienne rapidement de nos moeurs d’antan!
Sources
(1) http://www.academie-medecine.fr/efficacite-et-effets-indesirables-des-statines-evidences-et-polemiques/
(2) En 2011 le Conseil d’Etat casse l’avis de la HAS à la demande de FORMINDEP s’agissant d’une prescription obligatoire de statines chez les diabétiques au motif que « tous (les experts votants) étaient en conflit d’intérêt avec des fabricants de statines, certains ayant sciemment omis de déclarer leurs contrats en cours, certains autres ayant même tenté de les dissimuler ». http://www.formindep.org/Le-Conseil-d-Etat-abroge-la.html
(3) http://www.academie-medecine.fr/cholesterol-et-statines-2/
(4) http://petition.ipsn.eu/petition-danger-statines-cholesterol/index.php
(5) La vérité sur le cholestérol, Even P., Debré B., Cherche-midi Ed.
(6) https://www.youtube.com/watch?v=oM0kUs6BgcI
(7) http://www.voixmedicales.fr/2014/05/21/leffet-diabetogene-des-statines-premieres-notifications-et-revue-de-la-litterature-these-de-frederick-stambach-le-20-mai-2014/
(8) http://www.voixmedicales.fr/wp-content/uploads/2014/05/Th%C3%A8se-v5_5_14_def_leger.pdf
(9) https://www.aimsib.org/wp-content/uploads/2023/11/image-4042920-20201130-ob-6b8f5e-dr-helene-banoun.jpg.org/2017/03/22/statines-et-douleurs-musculaires-qui-desinforme-qui/
(10) https://www.aimsib.org/wp-content/uploads/2023/11/image-4042920-20201130-ob-6b8f5e-dr-helene-banoun.jpg.org/2017/04/06/statines-et-douleurs-musculaires-qui-desinforme-qui-partie-2/
(11) « L’horrible vérité sur les médicaments anticholestérol », de Lorgeril M., Thierry Souccar Ed.
(12) https://www.cholesterol-statine.fr/trial-fourier
(13) https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2014-09/guide_mcs_web_2014-09-09_21-25-19_719.pdf
(14) http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24080324
(15) http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1875213616301334
(16) http://www.dur-a-avaler.com/statines-cholesterols-pharmaceutique-even-lorgeril-artere-danchin/
(17) https://www.aimsib.org/wp-content/uploads/2023/11/image-4042920-20201130-ob-6b8f5e-dr-helene-banoun.jpg.org/2016/10/03/arreter-statines-aurait-baisser-mortalite-cardiovasculaire-france/
(18) http://michel.delorgeril.info/prevention-des-maladies-cardiovasculaires/ou-sont-passes-les-10-000-deces-dus-aux-arrets-de-statines-2
(19) https://francais.medscape.com/voirarticle/3604172?nlid=122884_2401&src=WNL_mdplsnews_180604_MSCPEDIT_FR&uac=241379AV&faf=1
Crédits photos : Clown Alley Group, Courtesy Feld Entertainment 2009, www.welovedc.com/2009/03/18/he-loves-dc-crickett-the-clown/
Merci ! Belle démonstration là encore d’une académie en perdition ! A espérer jusqu’à la déconfiture…
Je relaie sur réseaux et abonnée Mediapart …!!!
ET , plus globalement, étant donné l’existence d’autres structures comme la HAS, ou a fortiori de comités de lecture comme Prescrire, a-t-on encore besoin d’une « académie » qui fait une redondance particulièrement inutile, un « machin » de trop ?
Bravo Docteur. Ca vaut largement l’impact de l’appel du « 18 juin ». Il aurait fallut attendre cette date pour publier; espérons que votre texte, un véritable « appel » contre la malhonnêteté de certains académiciens ( pas tous semble t’il) ait le même succès !!!
L’Academie de Medecine n’a guère de crédibilité, en dehors des millieux politiques et journalistiques. Malheureusement elle garde une forte influence sur l’opinion et les décisions.
Ce qui est très inquiétant, c’est le recours a un scrutin pour valider leur texte: La science n’est pas démocratique, ce qui est prouvé est ‘vrai’ et ce qui ne l’est pas n’est … pas prouvé. La méthode scientifique n’est pas une affaire d’opinion mais de preuves (ou d' »evidences » selon l’anglomanie ambiante).