L’AIMSIB ne s’est encore jamais préoccupée de médecine vétérinaire, bien trop absorbée qu’elle était par les problématiques humaines actuelles. Mais quand une grande première sanitaire semble se dérouler en France au milieu du silence assourdissant des médias aux ordres, mon tempérament suspicieux (que d’autres imaginent complotiste, ils sont taquins) se réveille. Quand même pas un énorme problème avec cette nouvelle vaccination à l’échelle de toute notre basse-cour hexagonale ? Bonne lecture…   

Introduction

Certains d’entre vous, particulièrement ceux qui résident à la campagne en général et dans celle du Sud-Ouest en particulier, ont entendu parler de cette grande première mondiale française : Cette année on a vacciné de manière obligatoire (1) dès le 1er octobre tous nos canards métropolitains d’élevage, hors Corse, contre l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). Car officiellement, c’est bon pour tous les intervenants de la filière. Bon.

Pourquoi que les canards ? Parce qu’on nous explique que cette espèce serait plus sensible à la grippe aviaire que le poulet. Soit. Le vaccin a probablement été testé avant utilisation puisqu’on nous donne un lien de connexion si l’on veut prendre connaissance de l’étude en cause, c’est théoriquement là (2). Le problème c’est qu’à l’heure où j‘écris ces lignes et depuis déjà un mois, date à laquelle j’ai commencé à écrire cet article , en fait d’étude on a la mire suivante, façon ORTF de notre enfance:

Vaccin efficace, bien toléré, etc…

Donc pas d’étude disponible à ce jour.

Quand on creuse un peu le sujet, on apprend que la bataille a été rude en coulisse pour choisir le vaccin anti-IAHP. Les Français de Ceva Santé Animale proposaient bien le Duck H5-SRV vaccine®, un vaccin à ARN comme on aime bien, mais ils ont perdu contre les Allemands de Boehringer Ingelheim animal health (BI) qui présentaient le Volvac B.E.S.T. AI+ND®, un vaccin dit « bivalent adjuvé sous-unitaire » (H5 modifiée). Pour quelle raison mystère, d’ailleurs après ce choix Ceva avait déposé un recours devant le Tribunal Administratif de Paris… pour finalement le retirer quelques jours plus tard, pour quel arrangement financier, ça, mystère financier.

Faute d’étude, on se rabat sur la fiche ANSES et on nous annonce d’emblée que l’Agence ne peut retranscrire que les données du titulaire du produit. Donc, l’ANSES ne propose aucun ajout particulier ni commentaire aux données transmises par le constructeur.  Pourtant, à la lecture de ces quatre pages laconiques, c’est déjà l’effroi :

Le produit est dilué dans de l’huile minérale (donc dans des hydrocarbures) mais on ne sait pas laquelle, alors que certains de ces composés sont clairement cancérigènes et interdits dans l’alimentation humaine, depuis les vaccins anti-Covid on est bien en droit de tout redouter.

Ensuite, on nous dit que si le vétérinaire se pique le doigt avec le vaccinateur, « l’(auto-)injection accidentelle peut provoquer de fortes douleurs et un gonflement, notamment en cas d’(auto-)injection dans une articulation ou un doigt de la main, et, dans de rares cas, conduire à la perte de ce doigt si un examen médical n’est pas effectué rapidement ».

Le vaccin provoquerait donc un effet local si violent qu’il pourrait déboucher sur des nécroses tissulaires, pourtant les injecteurs ne sont calibrés qu’à 0,5ml par dose !

On s’intéresse ensuite à l’immunité conférée par le produit, c’est encore la stupeur : pour les canards Pékin et les canards de Barbarie la durée de l’immunité est… « Non établie ». Pour les mulards, chiffres officiels, 49 jours. Si on doit abattre ces volatiles à cette date, les foies gras tiendront dans une cuillère, donc plus probablement ces animaux vivront non vaccinés le reste de leur vie.

Les indications d’utilisation laissent pantois. D’abord, réduction de la mortalité et de l’excrétion virale : Qu’importe puisque quand un seul animal est touché par la grippe aviaire, tout le troupeau doit être sacrifié. La meilleure de l’année pour finir, réduction des signes cliniques, donc possibilité de fraude sur l’état de santé des animaux avant leur consommation humaine.

Le super-vétérinaire du mois

Le protocole vaccinal consisterait en 2 injections à environ 3 à 4 semaines d’intervalle et on commence au 10e jour de vie. On apprend dans La Dépêche qu’un vétérinaire, un certain Vincent Blondel se targue « d’avoir vacciné 20 000 canards hier et que pour l’instant, rien à signaler ». Sur une journée de 14 heures, ça nous fait du 1428,5 canards à l’heure ou si vous préférez du 23 palmipèdes à la minute, sans casse-croûte ni pause pipi.

Il me fait de la peine, Vincent Blondel, quelques lignes plus loin il écrit encore plus stupide : que le produit a déjà été testé au Mexique et qu’« aucun problème ou décès chez les consommateurs n’a été rapporté jusqu’ici ». (3)

Politique française et répercussion internationale

La sanction anti-française n’a pas traîné, dans un silence médiatique coupable mais habituel, on apprend quand même que le Canada, le Japon, Taïwan et Hong Kong ont déjà interrompu toute importation de nos volailles vaccinées aux hydrocarbures avec des signes cliniques réduits. (4)

Conclusion

Au final la comestibilité des animaux doit naturellement être mise en doute autant par les consommateurs français que par les autorités sanitaires étrangères, d’ailleurs certains marchés d’exportation se ferment de jour en jour. Les éleveurs s’endettent toujours plus pour devoir acheter ces vaccins obligatoires à l’efficacité par ailleurs totalement hypothétique, notice du produit en faisant foi car rien ne dit que les abattages en masse ne reprendront pas en cas d’apparition d’IHAP dans les élevages.

À moins que, pour sauver l’idée de la vaccination de masse salvatrice, on profite de la symptomatologie réduite chez les animaux malades pour les écouler quand même sur le marché de l’alimentation humaine, ce que manifestement les étrangers redoutent que nous fassions. Attention également à la mauvaise foi officielle à venir, qui ne manquera pas de claironner que cette vaccination a été phénoménalement efficace quand bien même aucune épidémie aviaire ne sera venue frapper la France cet hiver.

Encore une fois, louons nos élites et leur belle vision de notre avenir vaccino-alimentaire…

 

Dr Vincent Reliquet
Octobre 2023

 

Notes et sources
(1) Vaccination obligatoire pour les exploitations comptant plus de 250 animaux https://www.anses.fr/fr/system/files/ANNEXE_90055_ATU_05.pdf
(2) https://agriculture.gouv.fr/experimentation-de-vaccination-des-canards-mulards-en-elevage-contre-un-virus-iahp
(3) https://www.ladepeche.fr/2023/10/05/vrai-ou-faux-canards-vaccines-contre-la-grippe-aviaire-le-serum-est-il-sans-danger-pour-les-amateurs-de-viande-et-de-foie-gras-11494770.php
(4) https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/grippe-aviaire-quatre-pays-sanctionnent-la-volaille-francaise-pour-vaccination-1976301

Auteur de l'article :

Lire tous les articles de

Aller au contenu principal