L’AIMSIB s’étonne régulièrement de la façon dont certaines idées (y compris thérapeutiques) peuvent se diffuser à grande vitesse auprès du grand public, et d’autres non. Intéressons-nous à nouveau (1) brièvement au caractère possiblement nocif de deux classes médicamenteuses pourtant couramment prescrites aux personnes âgées pour en admirer le traitement médiatico-académique de l’une, puis de l’autre. Et si avant de souhaiter traiter des malades fragiles on prenait d’abord la précaution élémentaire de ne plus les placer en position de déclencher un COVID-19 sévère? Bonne lecture.
IEC(2) et sartans (3)
Il n’est plus discuté aujourd’hui que SARS-Co-V2 se lie à sa future cellule-hôte par connection à partir de ses récepteurs membranaires ACE2 qui précisément se retrouveraient en nombres plus disponibles, et /ou modifiés, par l’adjonction de médicaments inhibiteurs de la conversion de l’angiotensine.
Si cette phrase vous paraît incompréhensible, tranquillisez-vous: Elle annonce plus simplement que ces produits anti-hypertenseurs pourraient faciliter l’infection d’une cellule par ce coronavirus.
Fidèle au principe essentiel d’une médecine attentive et raisonnée, « primum non nocere » (4) il serait donc logique à tout médecin prudent de procéder au moins à une suspension temporaire d’utilisation de ces molécules le temps de la pandémie, quitte à accepter une ascension (maîtrisée) des chiffres tensionnels, tout au plus en cas de besoin procéder à une substitution par d’autres produits en utilisant d’autres classes d’anti-hypertenseurs pendant la durée de ladite.
La lecture qu’en font nos sommités cardiologiques européennes demeure hélas bien différente: S’il existe bien un débat sur l’influence néfaste des IEC et des sartans sur la maladie, et alors? Sans preuve manifeste de leurs effets délétères il convient pour eux de les poursuivre imperturbablement sauf peut-être si l’on suspecte que l’état pré-mortem d’un patient pourrait bénéficier de cet allègement thérapeutique, la contorsion intellectuelle est si consternante que nous vous la livrons in extenso ici: (5)
Comment peut-on accepter l’idée que d’interrompre ces produits en phase agonique puisse éventuellement apporter un effet positif et en même temps nier que de ne pas les administrer pourrait éviter que certains de nos patients s’aggravent à cause de la prescription persistante de ces molécules?
LDL-Cholestérol bas, statines et COVID sévères
Loin de nous la tentation de nous auto-citer une seconde fois, mais la lecture de notre article publié le 15 Mars 2020 (1) demeurait parfaitement éclairante quant à l’existence probable d’une très forte relation de cause à effet liant la gravité du tableau clinique des patients atteints de COVID-19 ( entre maintes autres pathologies) avec leurs niveaux sanguins effondrés de lipoprotéines circulantes.
Silence assourdissant des médias, des sociétés dites savantes en cardiologie comme en maladies infectieuses, pourquoi?
La réalité est têtue et une seconde alerte nous vient du froid sous la plume du Dr Uffe Ravnskov (il est très Danois mais quand même on l’aime énormément), membre émérite de l’AIMSIB depuis quasiment sa création.
Le Dr Uffe Ravnskov est âgé de 86 ans, il ne fait aucun mystère du fait que son LDL-CHO personnel se situe invariablement entre 6 et 7g/l soit dix fois au-dessus des normes industrielles admises à ce jour. Les innombrables tenants de la thèse du cholestérol qui tue auraient intérêt à se pencher sur un tel bilan lipidique, au moins pour nous expliquer pourquoi Uffe vit toujours avec autant de bonheur pour nous et pour sa formidable famille.
Notre vénérable membre a écrit le 25 Mars 2020 au BMJ une « réponse rapide » intitulée « Un traitement hypocholestérolémiant peut aggraver l’issue d’une infection à Covid-19« (6). C’est ici:
Laissons au Dr Michel de Lorgeril le soin de nous expliquer la suite, que vous obtiendrez directement en cliquant ici ou sur l’image de son article:
C’est curieux comme certaines vérités peinent régulièrement à percer au grand jour… Tout de même pas parce que le dogme intangible du cholestérol vénéneux ne tient pas une seconde, si?…
Notes et sources
(1) https://www.aimsib.org/wp-content/uploads/2023/11/image-4042920-20201130-ob-6b8f5e-dr-helene-banoun.jpg.org/2020/03/15/pandemie-covid-19-les-recommandations-essentielles-de-lhttps://www.aimsib.org/wp-content/uploads/2023/11/image-4042920-20201130-ob-6b8f5e-dr-helene-banoun.jpg/
(2) Liste des IEC (DCI, nom commercial)
Benazepril (Cibacene et génériques)
Benazepril + hydrochlorothiazide (Cibradex, Briazide et génériques)
Captopril (Captéa, Lopril et génériques)
Captopril + hydrochlorothiazide (Ecazide et génériques)
Cilazapril (Justor)
Enalapril (Renitec et génériques)
Enalapril + hydrochlorothiazide (Corenitec et génériques)
Enalapril + lercanidipine (Lercapress, Zanextra)
Fosinopril (Fozitec et génériques)
Fosinopril + hydrochlorothiazide (Foziretic et génériques)
Lisinopril (Zestril, Prinivil et génériques)
Lisinopril + hydrochlorothiazide (Zestoretic et génériques)
Moexipril (Moex)
Périndopril (Coversyl et génériques)
Périndopril + hydrochlorothiazide (Bi-Preterax et génériques)
Périndopril + amlodipine (Coveram)
Quinapril (Acuitel et génériques)
Quinapril + hydrochlorothiazide (Acuilix et génériques)
Ramipril (Triatec et génériques)
Ramipril + hydrochlorothiazide (Cotriactec et génériques)
Trandolapril (Odrik et génériques)
Trandolapril + vérapamil (Tarka)
Zofénopril (Zofénil, Teoula et génériques)
Zofénopril + hydrochlorothiazide (Zofénil duo, Coteoula)
(3) Liste des sartans (DCI, nom commercial)
Azilsartan (Edarbi, Ipreziv)
Candesartan (Atancand, Kenzen et génériques)
Candesartan + hydrochlorothiazide (Hytacand, Cokenzen et génériques)
Irbesartan (Aprovel et génériques)
Irbesartan + hydrochlorothiazide (Coaprovel et génériques)
Losartan (Cozaar et génériques)
Losartan + hydrochlorothiazide (Hyzaar, Fortzaar et génériques)
Olmesartan (Olmetec, Alteis)
Olmesartan + hydrochlorothiazide (Coolmetec, Alteisduo)
Olmesartan + amlodipine (Sevikar, Axeler)
Olmesartan + amlodipine + hydrochlorothiazide (Trisevikar, Triaxeler)
Telmisartan (Micardis, Pritor, Kinzalmono et génériques)
Telmisartan + hydrochlorothiazide (Micardisplus, PritorPlus, Kinzalkomb et génériques)
Telmisartan + amlodipine (Twynsta, Onduarp)
Valsartan (Tareg, Nisis et génériques)
Valsartan + hydrochlorothiazide (Cotareg, Nisisco et génériques)
Valsartan + amlodipine (Exforge)
Valsartan + amlodipine + hydrochlorothiazide (Exforge HCT)
(4) Formule attribuée à Hippocrate, 410 av. JC ce qui en explique sa fréquente absence dans les discussions médicales actuelles
(5) https://www.cardio-online.fr/Actualites/A-la-une/Declaration-de-la-Societe-europeenne-d-hypertension-ESH-sur-l-hypertension-concernant-les-bloqueurs-du-systeme-Renine-Angiotensine-et-la-maladie-COVID-19-causee-par-le-coronavirus-SARS-CoV-2
(6) https://www.bmj.com/content/368/bmj.m1182/rr-10?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+bmj%2Fcomment+%28Latest+BMJ+Comment%29
147 Responses
Oui la surmortalité est malheureusement très nette en île de France comme dans l’Est, vers Lyon et plus ou moins selon les autres secteurs.
Le manque criant de tests, de personnel, de culture épidémiologique et les rassemblements autorisés trop tardivement, le manque de matériel, la non adaptation du réseau de labos français, malgré le réseau de labos Biotox-Piratox (… je veux bosser moi aussi pour trouver des noms aux institutions et structures de santé, ils ont l’air de s’éclater), les conditions indignes de logement pourtant visibles et dénoncées depuis des années, les traitements à la noix ultra standardisés et distribués quasi automatiquement, les conditions indignes pour pouvoir se nourrir correctement – les trois derniers étant après la charge virale etc. les facteurs communs croisés les plus souvent il me semble – y ont largement contribué.
Par contre D. Dupagne évoque en commentaire le froid et la grippe pour la surmortalité hivernale, mais ce qui cause la surmortalité hivernale est … inconnu (cf. liens en cliquant sur mon pseudo).
La mortalité avérée pour la grippe est autour de 400 / hiver avec quelques fluctuations. La focalisation de la réflexion médicale sur la grippe et le vaccin anti grippe a je crois totalement occulté le reste dans les réflexions sanitaires. Y compris d’ailleurs la nécessité de disposer du matériel barrière. Et on ne sait pas pourquoi on meurt plus en hiver.
Les Chinois ont montré que c’est au sein des familles que se produisent l’essentiel des contaminations par le virus d’où l’idée d’isoler dans des hôtels les patients atteints de formes modérées.
L’Académie de médecine a récemment proposé que « les établissements hôteliers (ou autres lieux de résidence assimilés) soient mis à la disposition des Agences Régionales de Santé pour accueillir, jusqu’à la guérison clinique et la négativation des tests de détection virale, les patients atteints de formes simples ou modérées de Covid-19, ou convalescents de cette maladie sortant de l’hôpital, sur la base du volontariat ».
C’est aussi ce que propose un rapport de l’Inserm.
L’ancien directeur général de la Santé William Dab, s’étonne qu’une telle mesure n’ait toujours pas été mise en œuvre alors qu’on en parle depuis plusieurs semaines «alors que les hôtels sont vides, on laisse retourner chez eux des gens contagieux, soit qu’ils sortent du cabinet du médecin, soit qu’ils sortent de l’hôpital où ils n’ont plus besoin de soins. Évidemment, retournant chez eux, ils contaminent d’autres gens ».
Alors qu’à Perpignan, la mobilisation d’un hôtel a permis l’isolement de 79 patients,
Anne Hidalgo a demandé au gouvernement de généraliser cette mesure.
En Italie, à Bergame, épicentre de l’épidémie, les hôtels sont déjà réquisitionnés pour accueillir les patients en voie de guérison. L’Espagne est également en train de tester ce système. En Chine, berceau de la pandémie mondiale, les autorités avaient pris une décision similaire,
Interrogé sur le sujet, durant sa conférence de presse quotidienne, le DGS a refusé cette action car pour lui « il n’y a pas de besoin particulier ».
Pourquoi une telle attitude ? Possiblement parce que l’objectif du gouvernement est en réalité d’atteindre une immunité collective suffisante pour endiguer l’épidémie et qu’il ne faut donc pas supprimer tous risques de contamination mais au contraire les favoriser dans la mesure où l’hôpital pourra supporter l’afflux de malades graves. Quant aux malades, les experts qui le conseillent ne se demandent pas si les malades pourront supporter la maladie qu’on aurait pu leur éviter.
Une telle attitude ne doit pas surprendre. Après l’intervention de Macron lundi, un épidémiologiste expliquera cette stratégie en disant que le président ne pouvait pas dire cela à la télé et, alors qu’un autre intervenant à ses côtés parlait d’une mesure pour limiter les contaminations, il l’arrête en lui disant qu’il ne fallait pas interrompre les contaminations afin d’atteindre le taux d’immunisés souhaité. Ce à quoi Roselyne Bachelot répondra « c’est un pari ! » Oui c’est un pari et très risqué, y compris sur le plan économique car, en admettant la maladie immunisante, on en a pour des années. Alors on attend le vaccin qui n’existe pas, qui n’existera peut-être jamais et dont on ne connaît pas les propriétés qui se révéleront sur la population, vous, moi …
Lire cet interview :
https://www.nexus.fr/actualite/entretien/perronne-hydroxychloroquine/#.Xpol8iGnoGu.twitter
Petit extrait :
« Pr Christian Perronne : C’est incompréhensible car, quand ils auront les certitudes, les résultats définitifs, l’épidémie sera terminée et tout le monde sera mort. On ne peut pas faire comme si on était en période de paix. Je connais certains qui composent le haut conseil scientifique, ce sont des experts du sida, ils raisonnent comme si on avait affaire à une épidémie chronique du sida. Ils se disent « on a le temps, on fait bien les choses, on évalue avec les canons de la méthodologie, etc. ». Mais il faut se bouger maintenant ! »
et on s’étonne des propos du Pr Montagnier ostracisé pour ses position sur les vaccins, sa proximité amicale avec le Pr Joyeux et ses études sur la mémoire de l’eau.
3 articles suggérant un effet favorable du fait d’être traité par IEC ou ARB sur le COvid-19
Ca ne colle pas avec la théorie.
LEs 2 que j’ai déjà signalés
https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.03.31.20038935v1
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/22221751.2020.1746200
Et un troisième
https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCRESAHA.120.317134Association of Inpatient Use of Angiotensin Converting Enzyme Inhibitors and Angiotensin II Receptor Blockers with Mortality Among Patients With Hypertension Hospitalized With COVID-19
Et 2 de plus et un éditorial.
Pas d’effet délétère mis en evidence pour les sartans et IEC jusquà présent.
Bon je sais que cette presse est aux ordres ….
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMe2012924?query=RP
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2006923?query=RP
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2008975?query=RP