La « Rubus fructicosus », vous ne connaissez pas ? Mais si ! Il s’agit du fruit sauvage le plus courant sous nos latitudes (et peut-être dans le monde) : la « Mûre ».

En fait, on l’appelle « mûre » mais il ne faut pas la confondre avec la « vraie mûre », celle du mûrier de chine par exemple (Moros nigra) qui est le fruit d’un arbre alors que nôtre mûre est celles de ronces, de la famille des rosacées comme sa cousine le framboisier ( il existe d’ailleurs un croisement entre ces deux plantes : La Loganberry), elle est un peu redoutée des cueilleurs « fragiles des mains » car c’est un buisson épineux poussant même au bord des routes, en forêts en bordures des chemins. On l’apprécie comme les fraises sauvages (mais il faut moins se baisser.)

Qui n’a pas de souvenir d’avoir ramassé ce fruit constitué de petites drupes rassemblées en baie qui, de roses deviennent noires à maturité, parfois même d’un noir bleuté en montagne , au goût un peu acidulé mais sucré ( bien plus dans le midi).

Les amateurs l’utilisent pour la confection de gelées, confitures, sirops, sorbets et autres desserts ainsi qu’en phytothérapie traditionnelle, les feuilles séchées de la ronce sont utilisées en tisane pour soigner les inflammations de la gorge, les petites diarrhées et épurer les reins des toxines.

On lui prête bien d’autres vertus relatives aux anti-oxydants qu’elle contient : Prévention des maladies cardio-vasculaires, voire du cancer. Outre ses propriétés anti-oxydantes, elle contient de la vitamine E, de l’acide salicylique et son apport en vitamine «C» est voisin de celui des agrumes. Elle contient aussi de nombreux minéraux : potassium, magnésium, calcium et fer ainsi que des oligo-éléments tels que zinc, cuivre, manganèse.

On va vérifier ça sur les bases de données scientifiques(1470 art. Sur NCBI) :

( À noter que les études citées sont en anglais et qu’on peut les traduire facilement avec google traduction)

(1) A comparative study on composition and onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jsfa.8216/abstract

comparative study on composition and antioxidant activities of supercritical carbon dioxide, hexane and ethanol extracts from blackberry (Rubus …)

Dans cette étude, il a été comparé la composition, le rendement et l’activité antioxydante de trois types d’extraits de grignons de Rubus fructicosus. L’extrait éthanolique présentait l’activité antioxydante la plus élevée.

En résumé, tous les extraits de grignons examinés sont de haute qualité, riches en acides gras essentiels oméga et avec une très forte teneur en composés bioactifs tels que les phytostérols et les tocophérols justifiant, en raison de leur valeur nutritive élevée, la commercialisation d’extraits spécifiques.

Sous l’autre nom d’une variété de mûre de ronce, Rubus ulmifolius, on peut noter dans ce lien :

(2) Pharmacological profile of the aerial parts of Rubus ulmifolius Schott. BMC Complement Altern Med. 2017 Jan 19;17(1):59. doi: 10.1186/s12906-017-1564 ( article en Freeview)

L‘étude sur les rats Westar pour une activité antioxydante et antipyrétique (faire baisser la fièvre) possible a permis de noter en conclusion que les parties aériennes de Rubus ulmifolius contiennent des flavonoïdes qui sont sûrs jusqu’à 6 g / kg (p.o). L’extrait méthanolique brut et la fraction riche de flavonoïdes de Rubus ulmifolius ont une activité antioxydante et antipyrétique significative. ».

Bon pour faire baisser la fièvre… mais c’est toujours sur les rats.

polyphénols de mûres

Celle-ci, concernant les comparaisons entre les fruits :

(3)In vitro Antioxidant Activities and Polyphenol www.ncbi.nlm.nih.gov › … › Pharmacognosy Res › v.8(4); Oct-Dec 2016 8600 Rockville Pike, Bethesda, MD

article riche en graphiques, d’où il ressort que la « framboise noire », très ressemblante à la mûre sort vainqueur mais que la ronce de mûre (blackberry) se tient en place très honorable… et il est précisé que, je cite : « les fruits riches en antioxydants dans cette étude sont une bonne source d’aliments fonctionnels et nutraceutiques qui ont le potentiel d’améliorer la santé humaine. »
« L’extrait de framboise noir est enrichi en phénols totaux, flavonoïdes et proanthocyanidines et a montré l’activité de piégeage de 2,2-diphényl-1-picrylhydrazyle
(radical libre)la plus élevée »

de même que cette dernière qui évalue les activités antioxydantes et anti-inflammatoires dans un extrait de mûres :

(3bis)In vitro bio-accessibility and antioxidant www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308814609012230

elle évalue les activités antioxydantes et anti-inflammatoires dans un extrait de polyphénols de mûres, je cite : « L’activité antioxydante mesurée avec ORAC était plus élevée pour l’extrait de mûre pour la quercétine et l’acide ellagique. Les activités inhibitrices trouvées dans les phénols de mûre suggèrent un effet bénéfique potentiel contre le stress oxydatif et les processus inflammatoires. »

Voyons ce qui en est des allégations de santé :

A propos du cancer, cette étude sur des cellules humaines:

(4)Phenolic Composition, Antioxidant Capacity and in vitro … https://www.researchgate.net/profile/Karin_Kovacevic_Ganic/… · Fichier PDF

montre que, je cite : «Les vins de fruits ont inhibé la croissance des cellules cancéreuses humaines in vitro d’une manière dose-dépendante avec une sensibilité différente parmi les cellules cancéreuses testées. Les vins de mûre, de cerise, de framboise et de cassis dans le rapport volumique de 10 et 20% se sont révélés être les agents anti-prolifératifs les plus efficaces ».

C’est sur des cellules humaines et pas de rats…

Cette autre qui me fait penser à un article lu il y a longtemps selon lequel les  « mûriers ronces » ont été les premières plantes à repousser après les bombes d’Hiroshima et Nagasaki  et concerne la protection contre les rayonnements radioactifs:

(5) Polyphenolic glycoconjugates from medicalhttps://www.researchgate.net/publication/309271929_Polyphenolic… concernant notamment le Rubus plicatus, une variété de ronce Européenne, conclut que les glycoconjugués polyphénoliques y compris les produits RP et FV, ont significativement diminué les lésions de l’ADN lorsqu’ils ont été appliqués après irradiation, ce qui suggère leur effet modulateur sur les voies de réparation de l’ADN. Des données préliminaires sur ces unités structurales phénoliques, je cite :« produits de pyrolyse et de méthylation in situ, en relation avec l’application de produits végétaux en tant que radioprotecteurs potentiels sont prometteuses et mérite d’être approfondies. » C’est tout dire…

A propos des maladies cardio-vasculaires qui nous intéressent au premier chef l’étude suivante traitant du vieillissement des artères en raison des ses effets positifs sur l’angiotensine II qui sont des peptides impliqués dans la maintenance du volume et de la tension artérielle.

(6) Blackberry, raspberry and black raspberry Blackberry, raspberry and black raspberry polyphenol extracts attenuate angiotensin II-induced senescence in vascular smooth muscle cells.

De cet article on peut retenir que, je cite :

« L’activation de la signalisation de l’angiotensine II (Ang II) au cours du vieillissement augmente les espèces d’oxygène réactif (ROS) conduisant à la sénescence vasculaire, un processus lié à l’apparition et à la progression des maladies cardiovasculaires (MCV). La consommation de fruits et de légumes, en particulier les baies, est associée à une diminution de l’incidence des maladies cardiovasculaires, qui a été principalement attribuée à la teneur en polyphénols de ces aliments »

et la conclusion : »Nos résultats indiquent que la sénescence induite par Ang II est atténuée par les polyphénols BL à travers un mécanisme dépendant de Nox1 et par les polyphénols RB et BRB d’une manière indépendante de Nox1, probablement en augmentant la capacité antioxydante cellulaire. »

Enfin celle-ci  concerne plus particulièrement la protection intestinale contre le cancer après ingestion et digestion des mûres :

(7)Blackberry subjected to in vitro https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27374576

qui précise en préambule que  « Le carbamate d’éthyle (CE) (sous-produit du processus de fermentation) détecté dans de nombreux aliments fermentés dont l’exposition fréquente peut augmenter le risque de souffrir de cancers et que la mûre, riche en polyphénols, possède une puissante activité antioxydante en atténuant remarquablement la toxicité induite par le CE … ( influence sur les mitochondries et la l’appauvrissement du glutathion »

Celle-là concerne la mûre chinoise dont une étude sur les rats montre ses effets sur l’endothélium, précisant les bienfaits de ces fruits du même genre et semblables à nos mûres (voir photo ) :

(8)Cardiovascular effects of ethanol extract ofhttps://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24930514

Cardiovascular effects of ethanol extract of Rubus chingii Hu (Rosaceae) in rats: an in vivo and in vitro approach. Su XH(1), … Rubus chingii Hu (Rosaceae) …

Article en Freeview qui conclut dans son abstract que  l’ERC (Extrait d’éthanol de Rubus chingii) induit une vasorelaxation dans les cellules musculaires lisses vasculaires et il est suggéré que cet ERC est étroitement liée à «  l’action hypotensive de l’agent ».

 

 

 

 

Même le virus de l’herpès peut être neutralisé par les extraits de mûres comme l’indique cette étude :

(9) Antiviral Effects of Blackberry Extract Against www.ncbi.nlm.nih.gov › Journal List › <a href= »https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/?term=hhs%20author%20manuscript[fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][filter] »>HHS Author Manuscripts8600 Rockville Pike, Bethesda, MDTo evaluate antiviral properties of blackberry extract against herpes simplex virus type 1antiviral effect of blackberry extract and that this …

Qui dit en substance que, je cite « L’extrait de mûre ≥ 56 μg / ml a inhibé la réplication du HSV-1 dans les cellules épithéliales orales de plus de 99% (p <0,005). » et «  L’exposition du virus cellulaire à ≥ 280 μg / ml d’extrait de mûre pendant 15 minutes à température ambiante était virucide (p = 0,0002 » et en conclut que : »L’extrait de mûre inhibait les premiers stades de la réplication du HSV-1 et possédait une activité virucide importante. Ces propriétés suggèrent que cet extrait de fruit naturel pourrait fournir un avantage en tant qu’agent prophylactique / thérapeutique topique pour les infections à HSV. »

Exemple de graphique de l’étude:

Un véritable virucide naturel pour cette affection très répandue…

 

 

 

 

Il existe même des gélules pour ceux qui ne peuvent ramasser ce fruit du bon Dieu car les antioxydants de la mûre peuvent même « encapsulés » : Microencapsulation des composés bioactifs extraits de la mûre (rubus fruticosus) par séchage.

Voir cet article :

(10)Microencapsulation by spray-drying of bioactive compounds link.springer.com/content/pdf/10.1007/s13197-015-2111-x.pdf · Fichier PDF

…mais cela enlèverait tout le charme de la cueillette de la mûre et du plaisir d’en faire des confitures, des gelées, du vin etc.dont je vais donner en fin d’article ma version de diverses préparations.

Bon ce sont quelques articles parmi les centaines consacrés aux divers mûres, souvent des «  in vitro »  ou bien faits sur de rats peu ou prou en double aveugle sur des humains, toutes des études récentes mais à mon sens ces études sont valables et il est dommage que je n’ai pas trouvé d’étude française sur ce fruit et ses bienfaits…et il ressort aussi que je n’ai trouvé aucune étude comparative avec ceux de l’Aronia melanocarpa qui conserve quand même un avantage ! Mais la mûre n’est pas loin derrière.

Voici quelques Recettes :

Ratafia de mûres à l’eau de vie que j’ai fait il y quelques années :

Les ingrédients :1 kg de mûres, 3 l d’eau-de-vie ( de préférence de fruits ou d’alcool de mûres ou de cerises – Kirsch), 750 g de sucre roux, 6 clous de girofle.Mettre tout cela dans un grand bocal en verre fermé ( bouchon), laissez « mariner » 6 semaines puis filtrer. Mettre en bouteilles. Attendre un mois et laissez décanter avant utilisation… succulent ( et fort) avec encore les bienfaits du fruit.

Gelée de mûres : 3 kgs de mûres à point, les mettre dans une casserole en acier inox ou en cuivre, ajouter de l’eau 1 cm en dessous du niveau des fruit, porter lentement à ébullition en remuant de temps en temps, lorsqu’elles perdent leur belle couleur noire, les faire dégorger leur jus en le passant petit à petit dans une centrifugeuse qui râpe – à jus de fruit- (cela fera extraire les acides gras -O3 des graines) recueillir ce jus et le remettre en casserole, ajouter à poids de jus identique du sucre roux par exemple ou du sucre gélifiant, porter lentement à feu assez doux à ébullition, rajouter pour 4 à 5 l, du gélifiant à la pectine de fruits (2 sachets au moins sinon 3) tout en remuant, ajouter le jus un citron pressé, laisser ainsi bouillir lentement la mixture en écumant si nécessaire, durant trois minutes en abaissant le feu pour le maintenir très bas et verser doucement en pots ( en prenant la précaution d’en verser un peu sur une assiette froide pour voir si la gelée n’est plus liquide sinon rajouter du gélifiant) puis avant de fermer les pots, les recouvrir d’un morceau de film micro-ondable transparent qui scellera bien le pot, le retourner deux secondes pour ébouillanter ce film, cela conservera votre gelée des années sans encombre.

La même façon de procéder se fera pour la confiture ( en ajoutant que la moitié de volume d’eau…).

On peut de manière identique procéder ainsi pour un d’autres fruits dont je raffole : La gelée de citrons bio : après les avoir lavé, les découper et les passer entier en centrifugeuse, recueillir le jus et le faire cuire doucement en rajoutant le sucre et le gélifiant. Un goût Formidable. Pour la gelée de coings ou de pommes (sauvages un peu acidulées) faire comme précédemment et conserver la pulpe pour faire de la pâte de fruits en rajoutant du sucre.

J’espère que les études citées vous seront utiles et que vous vous régalerez avec les gelées et autres… attention les diabétiques : moins de sucre et pour gélifier d’avantage utiliser de l’agar-agar ou la farine de caroube.

Quant aux mûres cueillies au bord des routes, il suffit des les rincer pour les débarrasser des poussières, et souvent elles sont plus belles là car elles adorent l’oxyde carbone (les herbes en bord de route poussent plus haut et sont plus résistantes que les autres…)

Enfin, comme ont dit : Pour cueillir beaucoup de mûres sauvages il faut être un peu « mûr », alors munissez-vous de bonnes chaussures de marche, d’un pantalon épais, d’une chemise à manche longue, d’un bâton muni d’un clou au bout pour tirer les branches et ramassez les avant 10 heures du matin, les guêpes dorment encore et avant 19 h le soir, les moustiques sont moins nombreux.

 

Article concocté avec passion par Inoxidable[/fusion_builder_column][/fusion_builder_row][/fusion_builder_container]

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