Ce blog n’a pas pour but de décrypter l’actualité médicale mais il y a des semaines « fortes » qui méritent d’être « relevées », un peu comme on relève le courrier ….

Sous la plume d’un certain Aseem Malhotra, cardiologue (sans doute angioplasticien, c’est-à-dire un garçon sympathique qui passe plus de temps dans la salle de cathétérisme à implanter des stents qu’à donner des conseils nutritionnels ou à prescrire des statines …), le British Medical Journal nous a offert ce 22 octobre 2013 un article d’une page et demie et 22 références résumant la problématique « saturés-cholestérol-statines ».

C’est impressionnant de concision et de clarté. On ne s’embarrasse pas des détails : là où j’ai mis 2500 pages de livre en français et 10 articles scientifiques en anglais, notre juvénile ami écrit 4 paragraphes et vous emballe ça dans un message simple : on se trompe en accusant les saturés et le cholestérol et on se trompe encore plus en sur-prescrivant les statines !

Encore plus impressionnant, c’est l’incroyable nombre de passages en si peu de temps sur le site du journal pour lire ce bref article. Les vents tournent !

Vue par la nouvelle génération, inutile de rentrer dans les détails et refaire l’historique farfelu qui a conduit à prescrire une statine à 8 millions d’anglais, historique que j’ai essayé de déconstruire patiemment, étape après étape de cette lamentable palinodie.

Il termine en recommandant l’adoption de la diète méditerranéenne comme absolue priorité dans la prévention des maladies cardiovasculaires.

Bon Dieu !

C’est plein d’erreurs et d’approximations que je n’oserais jamais me permettre mais c’est terriblement efficace.

Pas sûr, par exemple, que les saturés soient aussi innocents que le cholestérol !

Bon, les voilà donc, et pour reprendre le titre d’un célèbre film québécois (un bon point à celui ou celle qui donnera le nom du réalisateur que j’ai oublié) , les barbares sont arrivés !

Traduction : une nouvelle génération est en train de nous envahir et il est probable que les évidences absolues que nous égrainons depuis 10 ans (avec peu de succès) vont éclater au grand jour ! Espoir !

Dans un article du même journal – mais signé d’un sénior américain de la médecine générale (notre collègue Abramson John avec qui nous avons cosigné un ou deux articles d’alerte) – les auteurs reviennent sur la question des statines chez les sujets supposés à faible risque.

Ils concluent vertement que ce n’est pas efficace et que c’est décidément trop toxique pour que l’on continue à prescrire chez ce type de personnes. Bon !

Pour finir dans la langue anglaise, l’éditeur-en-chef du même British Medical Journal nous fait un bref résumé de l’état des forces dans le dur combat mené pour la transparence des données des essais cliniques. Ah ! Le beau combat !

Demander à avoir accès aux données brutes des essais cliniques à partir desquelles on va faire des statistiques puis éventuellement mettre sur le marché des nouvelles molécules est toujours vu par l’industrie du médicament comme un crime de lèse-majesté …

Mais qu’ont-ils à cacher ?

La bonne nouvelle, c’est que ceux qui veulent la transparence n’en démordent pas et que plus la discussion dure, plus les industriels sont suspects de « petites cachoteries » …

Les Autorités du médicament et de la Santé française et les « experts patentés » français (ceux qui ont la Légion d’honneur, suivez mon regard) sont remarquablement silencieux, faut pas s’étonner ou alors ce serait le monde à l’envers … quoiqu’on ait vu, dans d’autres circonstances, les pires s’attribuer les mérites des changements de cap. On verra !

Mais la francophonie sauve l’honneur quand même cette semaine.

Et c’est grâce à la revue Que Choisir, la version Santé (ne pas confondre avec l’autre), et sous la plume de Catherine Sokolsky avec un dossier titré « Le cholestérol accusé à tort » (numéro de Novembre 2013).

Je ne suis pas sûr de lui rendre service (vue ma « mauvaise réputation », celle que célébrait l’homme à la moustache et à la guitare, avec la contrebasse derrière discrète, un bon point à celui ou celle qui …) en lui disant « Bravo », mais je le fais quand même ; j’espère qu’elle ne m’en voudra pas …

Comme pour les articles précédents en anglais, je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’elle dit, mais c’est remarquablement efficace ; et après de tels articles, il va devenir difficile de reprocher à des médecins de ne pas prescrire de statines !

Difficile aussi aux médecins de reprocher à leurs patients de ne pas vouloir s’empoisonner avec ces médicaments inutiles.

Bref, le ton change, c’est pas encore une grande marée de printemps mais la mer monte …

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