Pour certains cardiologues 1 + 1 n’égale pas 2

« Cela se passe pendant mon hospitalisation pour le troisième infarctus. Je fais la connaissance de cette jeune cardiologue qui va maintenant me suivre. Elle semble disposée à répondre à mes questions, d’autant que j’utilise un vocabulaire certainement plus étoffé que celui de la grande moyenne de ses patients, ce qui doit, j’imagine, lui permettre d’expliquer les choses plus en profondeur. J’entre donc rapidement dans le vif du sujet et aborde le problème du cholestérol :
– Depuis quatre ans je fais des recherches sur les maladies cardiovasculaires, et il semble que le cholestérol n’est aucunement impliqué dans l’infarctus, puisque d’après les travaux de Falk et Virmani, entre autres, il ne serait présent que de 0 à 10 % dans la plaque d’athérome. Cela démontre donc que même à 10 % il est trop peu présent pour être impliqué et à fortiori encore moins à 0 %. Êtes-vous d’accord avec ça ?
– En effet, répond-elle en remuant un peu sur son siège, signe d’une certaine gêne
– Par conséquent, les statines sont inutiles ! Là je m’attends à ce qu’elle confirme mon affirmation puisque, de même que deux et deux font quatre, la logique contenue dans ma question ne m’apparaît pas pouvoir être contredite. Mais un dialogue de sourd s’engage.
– Je ne suis pas d’accord. Les statines sont très utiles, dit-elle avec un sourire forcé.
– Mais comment peuvent-elles avoir un quelconque intérêt puisque vous êtes vous-même d’accord avec le fait que le cholestérol n’est pas impliqué ?
– Au moins on peut agir sur les 10 % !
A cet instant précis le déni prend forme sous mes yeux. J’avoue que pendant quelques secondes j’ai plongé dans le regard de ce médecin pour essayer d’y lire une émotion de gêne par exemple. Rien ! Je n’ai rien vu à ce moment là même si j’ai supposé décrypter sa gêne dans son attitude corporelle ! Elle parle sur le même ton, comme si elle venait de dire que le ciel est bleu et, quelques secondes plus tard, qu’il est complètement blanc puisqu’il y a deux ou trois nuages blancs qui se trouvent là. Je dirais que le ciel est à 99 % bleu, elle soutiendrait qu’il est blanc, en dépit de l’évidence implacable.
– Et quand il y a 0 % de cholestérol ?
– Comme il est impossible de savoir précisément s’il y a tel ou tel pourcentage de cholestérol au moment où il faut traiter quelqu’un qui vient de faire un infarctus il vaut mieux utiliser les statines de manière préventive.
– Mais, on se moque de traiter 0 ou 10 % puisque même à 10 % le cholestérol ne représente rien ! Pourquoi, dans ce cas là, ne traite-t-on pas les autres éléments qui constituent la plaque, comme le fer, le calcium, les cellules musculaires lisse, etc. ?
– Parce qu’on peut agir sur les 10 % !
– Pourquoi agir sur ces 10 % puisqu’ils n’ont rien à voir avec l’infarctus ? Pourquoi la médecine se focalise-telle uniquement sur le cholestérol ? Vous ne trouvez pas ça étrange ?
– Nous ne sommes pas d’accord, dit-elle en se levant, l’important est de vous reposer. Je repasserai plus tard. ».
Etrange quand même d’avoir fait autant d’années d’études et de ne pas savoir compter…
Lionel LAFFITTE

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