L’Europe a retrouvé cette semaine un chemin qu’elle croyait avoir à jamais effacé de toutes ses cartes : celui de la guerre. Il nous faudra donc apprendre à assumer ce fardeau-là en plus, pour une durée encore une fois inconnue. L’injustice de la maladie demeure évidemment, particulièrement inique quand elle frappe des patients faciles à protéger d’une forme grave par simple supplémentation en vitamines. Encore faut-il que l’administration de sels toxiques ne vienne pas en contre-balancer les effets bénéfiques. Encéphalix, notre rédac’ chef adjoint, a voulu nous rappeler ici les relations entre SEP, D3, FGF-23, alu et mélatonine. La vie continue donc, persiste, signe et certainement nous aime toujours… Bonne lecture.   

 

 

Résumé :
Les causes de la SEP sont probablement multifactorielles. Parmi les facteurs de risque identifiés, l’hypovitaminose D est bien documentée. Elle entraîne de nombreux dysfonctionnements dont la diminution de l’absorption du calcium, l’affaiblissement des barrières intestinale et hématoencéphalique aboutissant à une inflammation du système nerveux central et une perte de densité osseuse. Lorsqu’elle est couplée à une intoxication aluminique il y a une inhibition des glandes parathyroïdiennes rendant la supplémentation en vitamine D3 sans effet sur l’évolution de la SEP.

 

Introduction

De nombreuses publications ont étudié les liens entre vitamine D et sclérose en plaques. Il a été constaté qu’il existe une corrélation inverse entre le taux de vitamine D et le risque d’avoir une SEP[1],[2],[3] et que le taux de vitamine D est associé à la sévérité de la maladie [4],[5],[6],[7].

De plus, l’exposition au soleil et plus particulièrement aux UVB pendant l’enfance a été associée à une réduction du risque de développer une SEP [8],[9],[10].

Compte tenu de ces données, certains neurologues conseillent une administration de fortes doses de vitamine D3 chez les patients notamment pour diminuer le risque de poussée [11] car la vitamine D3 et le calcitriol sont pourvus d’effets immunomodulateurs puissants par inhibition de l’expression de certaines molécules inflammatoires [12] et favorisent la production de molécules anti-inflammatoires [13].

Biosynthèse de la vitamine D3

Le 7-déhydrocholestérol réagit avec le soleil pour former la pré-vitamine D3 qui est ensuite isomérisée en vitamine D3.

Le cholécalciférol n’est pas la forme active. Pour obtenir le calcitriol (forme active), deux hydroxylations ont lieu successivement dans le foie puis dans le rein.

Cette production de calcitriol est sous l’influence directe de deux molécules aux effets opposés : la parathormone (PTH) synthétisée par les parathyroïdes et le Fibroblaste Growth Factor 23 (FGF23) synthétisé par les ostéoblastes et les ostéocytes.

La production de calcitriol est augmentée par la PTH et diminuée par le FGF23. A l’inverse, l’élimination de calcitriol est diminuée par la PTH et augmentée par le FGF23.

Il existe de nombreux rétrocontrôles entre calcitriol, glandes parathyroïdiennes, PTH, ostéoblastes et ostéocytes et FGF23 afin de maintenir des concentrations optimales en calcitriol :
– Le calcitriol exerce un rétrocontrôle sur les glandes parathyroïdiennes pour diminuer la synthèse de PTH et va indirectement augmenter la production de FGF23.
– Le FGF23 inhibe également la production de PTH par les glandes parathyroïdiennes.
– La PTH stimule la production de FGF23 par les ostéoblastes et ostéocytes.

Le calcitriol peut être également obtenu en dehors du rein à partir du 25(OH)D3 par les cellules d’un grand nombre de tissus qui possèdent l’enzyme 1 α hydroxylase (monocytes, macrophages, prostate, sein…).

Axe PTH-FGF23-Vitamine D dans la SEP récurrente-rémittente (SEP-RR) [14]

Comme chez les sujets sains, les patients qui ont développé une SEP-RR ont des taux de 25(OH)D3 plus importants en été qu’en hiver.

En revanche, le calcitriol est identique quelle que soit la saison chez les patients atteints de SEP-RR alors qu’il y a une augmentation chez les sujets sains.

Les chercheurs ont également mesuré les concentrations plasmatiques de PTH et de FGF23 : la concentration de la PTH est plus faible chez les malades aussi bien en hiver qu’en été tandis que la concentration en FGF23 est plus grande.

Ces données montrent que, chez les patients ayant développé une SEP-RR, il y a suppression du fonctionnement correct des glandes parathyroïdiennes à cause d’une concentration excessive de FGF23.

Le FGF23 inhibant l’enzyme 1 α hydroxylase, les patients ayant une SEP-RR ne peuvent donc pas synthétiser suffisamment de calcitriol que ce soit par la voie endocrine (rein) ou les voies autocrines et paracrines (extra-rénales) [15].

Lors d’une poussée de SEP, les concentrations en 25(OH)D3 sont plus faibles et les concentrations en PTH sont plus élevées [16].

Cependant, trois méta-analyses montrent que la supplémentation en vitamine D3 est inefficace pour réduire le nombre de poussée, ralentir la progression du handicap ou modifier les paramètres mesurés à l’IRM [17],[18],[19].

L’ensemble de ces données semble donc confirmer le rôle central du calcitriol pour réduire le nombre de poussées et dont la production est insuffisante chez les personnes atteintes de SEP du fait des concentrations élevées en FGF23.

En effet, il a été montré chez des rats que le calcitriol permet la synthèse de la protéine basique de la myéline [20] et que de fortes doses permettent la remyélinisation [21].

Vitamine D3, absorption du calcium par l’intestin et développement de la SEP [22]

Le déficit en vitamine D3 réduit l’absorption de calcium par l’intestin ce qui a deux conséquences :
– Une augmentation de la sécrétion de PTH. Le corps va alors puiser dans le stock osseux entrainant une perte de calcium osseux.
– Une diminution de la mobilité intestinale qui entraine elle-même une augmentation de la perméabilité intestinale [23]

Ainsi, certaines toxines du microbiote intestinal dont les lipopolysaccharides (LPS) passent dans le sang [24], affaiblissent la barrière hématoencéphalique (BHE) [25] puis migrent dans le cerveau et déclenchent la production de molécules inflammatoires.

Aluminium et glandes parathyroïdiennes

La PTH permet l’accumulation d’aluminium dans les différents tissus du corps humain (os, cerveau, rein etc) [26],[27],[28].

Une deuxième explication au blocage de la sécrétion de PTH chez les patients ayant une SEP est très probablement liée à la présence d’aluminium dans le corps qui empêche la sécrétion de la PTH [29],[30],[31],[32],[33] et s’accumule dans les glandes parathyroïdiennes [34],[35].

Rôle de la mélatonine dans la SEP

La mélatonine est sécrétée majoritairement par la glande pinéale dans le cerveau en absence de lumière.

Dans le système nerveux central, c’est un puissant neuroprotecteur notamment grâce à ses actions anti-inflammatoires [36],[37],[38],[39],[40], immunomodulatrices [41],[42] et antioxydantes [43].

Comme pour la vitamine D, le taux de mélatonine est associé à la sévérité de la SEP [44] : plus le taux de mélatonine est élevé, plus le risque d’avoir une poussée est faible [45].

De plus, lorsqu’elle est apportée en supplément chez les patients atteint de SEP, elle permet de diminuer la fatigue [46], d’inhiber les processus de démyélinisation et de favoriser la remyélinisation [47],[48]

Dans plusieurs maladies auto-immunes, il a été observé une perte de densité osseuse [49],[50]. Il a été également mis en évidence que le taux de mélatonine diminue au cours du temps chez les patients atteints de SEP [51]. La supplémentation en mélatonine permet de réduire le risque d’ostéoporose chez ces personnes [52].

Comme démontré ci-dessus, la PTH a permis le dépôt d’aluminium dans le corps.

La toxicité provoquée par l’aluminium peut être contrée par la mélatonine [53],[54],[55],[56],[57],[58]

Enfin, les sécrétions de vitamine D et mélatonine sont toutes les deux dépendantes de la lumière. Une supplémentation en vitamine D3 induit une chute des taux de mélatonine [59] mais l’exposition à la lumière du jour et donc du soleil augmente la sécrétion de mélatonine pendant la nuit [60] ainsi que la production de vitamine D3.

Synthèse

Conclusion

Il ne fait plus aucun doute que l’hypovitaminose D, et plus précisément le manque de calcitriol joue un rôle majeur dans le déclenchement de la SEP et probablement d’autres maladies auto-immunes.

Des essais cliniques testant la supplémentation en calcitriol associé ou non à la mélatonine seraient intéressants à réaliser afin d’évaluer l’impact sur les poussées inflammatoires ainsi que sur la progression/récupération du handicap lié à la maladie.

L’aluminium est non seulement neurotoxique mais empêche la sécrétion de molécules indispensables pouvant exercer un effet anti-inflammatoire et immunomodulateur telle que la vitamine D. Il n’est pas exclu que d’autres toxiques puissent bloquer la production de vitamine D et déréguler le fonctionnement du système immunitaire.

Rappelons enfin qu’en période de Covid, l’Académie de Médecine avait conseillé de se supplémenter en vitamine D [61] qui, en tant que modulateur de la réponse immunitaire, joue un rôle dans la régulation et la suppression de la réponse inflammatoire cytokinique.

Encéphalix
Février 2022

 

Notes et sources:

1 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23519972
2 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26953778
3 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27903815
4- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17426912
5 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23930170
6 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24250862
7 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30211230
8 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29514944
9 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28093712
10 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31217172
11 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22700811
12- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30978243
13 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30916776
14 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30134801
15 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22886720
16 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17578859
17 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29778041
18 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30246874
19 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30284038
20 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25043694
21 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24862867
22 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30459766
23 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17962355
24 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32099951
25 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25033932
26 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/7374019
27 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30315448
28 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3933333
29 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6131212
30 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6308327
31 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3560641
32 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6131212
33 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3573543
34 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3140127
35 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6337934
36 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21358973
37 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27561251
38 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30595364
39 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24732664
40 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26735612
41 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26359982
42 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28793364
43 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26679105
44 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25930714
45 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26359987
46 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27226183
47 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25787187
48 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31713152
49 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29980432
50 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31750024
51 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31471628
52 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29193274
53 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16264393
54 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16098089
55 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19539013
56 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24727051
57 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25855374
58 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30719664
59 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23665342
60 – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28245865
61 – https://www.academie-medecine.fr/communique-de-lacademie-nationale-de-medecine-vitamine-d-et-covid-19/

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