L’AIMSIB a été très touchée d’apprendre le calvaire judiciaire et psychologique qu’a enduré Madame Hélène Pariente (photo), Sage-Femme à domicile après qu’un nouveau-né, apparemment en pleine santé, soit décédé quelques heures plus tard dans son berceau. (*) Notre réflexion s’est alors porté sur la sécurité et la pertinence d’un accouchement volontairement réalisé à domicile et surprise de taille c’est le Dr Laurent Vercoustre, ancien chef de service à la maternité du Havre qui a souhaité nous dire tout le bien qu’il en pense. Son avis n’est pas nourri par un idéal quelconque mais par une réflexion médicale profondément étayée et captivante : Un professionnel parle aux passionnés. Bonne lecture.
Introduction
Elles sont moins d’une centaine, 88 exactement à pratiquer l’accouchement à domicile en France. Ces sages-femmes exercent sans couverture assurantielle. Une assurance professionnelle leur coûterait de l’ordre de 20 000 euros par an
Le nombre d’accouchement à domicile dans notre pays est autour de 2000 par an soit seulement 0,25 % des naissances. S’il est vrai que les accouchements à la maison ne dépassent pas 1 % de tous les accouchements dans les pays industrialisés, il faut souligner que l’extrême hostilité à l’égard de cette pratique est une spécificité française.
- En Belgique les femmes qui font le choix d’accoucher à domicile sont accompagnée d’une sage-femme formée à ce type d’accouchement et, contrairement à la France, en règle d’assurance professionnelle. La plupart des mutuelles remboursent également ce type d’accouchement. En 2017, le nombre d’accouchements programmé à domicile était de 117 en Wallonie, 60 à Bruxelles et 399 en Flandre.
- Au Pays-Bas l’accouchement à domicile est perçu comme une alternative tout à fait légitime à l’accouchement à l’hôpital. Certes le taux d’accouchement à domicile décroit d’année en année notamment parce que les femmes veulent bénéficier de la péridurale, il est passé de 31% en 1996 à 13% actuellement.
- En France les sages-femmes qui pratiquent l’accouchement à domicile sont montrées du doigt par nos élites obstétricales comme de véritables hérétiques.
Pourtant toute une littérature déjà ancienne montre que pour des accouchements dont les conditions sont comparables et pour une population sélectionnée à bas risques, les taux de mortalité et de morbidité périnatales sont égaux ou légèrement inférieurs à domicile[1].Des études internationales concluent que l’accouchement à l’hôpital ne peut se justifier sur la base de la sécurité et qu’aucun des deux lieux d’accouchement, le centre hospitalier et le domicile, n’est totalement sécuritaire[2]
Il y a quelques mois une méta analyse publiée dans le prestigieux Lancet a retenu 14 études regroupant une population de 500 000 naissances. Sa conclusion est sans ambiguïté : le risque de mortalité périnatale ou néonatale n’était pas différent lorsque la naissance était prévue à la maison ou à l’hôpital. (The risk of perinatal or neonatal mortality. was not different when birth was intended at home or in hospital)[3]
En l’Angleterre, depuis 2014, le très sérieux NICE (National Institute for health and Care Excellence) recommande d’expliquer aux femmes à bas risque de complication qu’elles peuvent choisir entre les différents lieux de naissance (à domicile, dans une maison de naissance attenante – ou pas – à un hôpital ou dans un hôpital). Le NICE va même jusqu’à recommander l’accouchement à domicile ou en maison de naissance aux femmes ayant déjà accouché parce que le niveau d’interventions médicales est moindre, pour un même résultat périnatal pour les femmes et pour les bébés, comparé aux accouchements à l’hôpital. Pour appuyer ses recommandations, le NICE publie deux tableaux. Le premier montre que, sur 1000 naissances, il y a exactement le même nombre de bébés (2 ou 3) qui présentent de sérieux problèmes médicaux, en ce compris la mort périnatale. Le second donne les taux d’interventions médicales sur les femmes en fonction du lieu d’accouchement avec une augmentation flagrante des épisiotomies, césariennes, extractions instrumentales et même d’hémorragies lorsqu’elles accouchent à l’hôpital[4].
Historique
Tâchons de ressaisir cette mainmise de l’accouchement par l’hôpital dans une perspective historique. Dès la naissance de l’hôpital médical, au cours du 18e siècle, la maternité a pris place dans l’institution : la première maternité de Londres a été ouverte en 1749. Puis peu à peu, mais de façon irréversible, le lieu de la naissance s’est déplacé de la maison vers l’hôpital. Mais c’est au début du 20e que le mouvement s’accélère : on dénombre 16294 accouchements dans les établissements de l’Assistance Publique de Paris en 1900, contre 5180 en 1880. Cette progression se poursuit tout au long du 20e siècle : en 1920, un tiers des accouchements parisiens ont lieu dans un établissement de l’Assistance Publique. Entre les deux guerres, a commencé l’hospitalisation systématique de toute parturiente dans le but d’une plus grande sécurité pour la mère et son enfant. L’après-guerre voit naître la sécurité sociale et l’assurance maternité avec la gratuité des soins relatifs au suivi de la grossesse, à l’accouchement et aux suites de couches. Tout était gratuit pour celle qui consentait à se rendre à l’hôpital. En effet lorsque l’accouchement avait lieu dans un établissement hospitalier public, la jeune mère n’avait rien à débourser, tandis que sa voisine qui persistait à vouloir accoucher chez elle devait, non seulement verser des honoraires à la sage-femme ou au médecin qui l’assisterait au moment de la naissance et assurerait les soins les jours suivants, mais encore se procurer l’ensemble du matériel que réclamait le praticien. Tout cela lui serait remboursé mais plus tard. Une telle mesure a contribué à faire entrer massivement dans les mœurs l’accouchement à la maternité. L’accouchement à domicile tend donc à disparaître au profit de l’accouchement dans des structures médicalisées. La gratuité des soins hospitaliers n’est en réalité qu’un aspect d’un vaste dispositif de contrôle de la grossesse qui a été mis en place au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Ce fut d’abord le principe de l’organisation de la protection médico-sociale des futures mères et des jeunes enfants avec une ordonnance du 2 novembre 1945. Des centres de protection maternelle et infantile (PMI) ont été créés pour assurer une surveillance de la grossesse et de l’enfant jusqu’à l’âge de 6 ans. Ainsi, par son caractère gratuit, cette organisation permettait à tous l’accès à la surveillance de la grossesse. Ce fut à la fin des années 1960 le décret du 21 février 1972 ou « Dienesch » en réaction avec les taux de mortalité périnatale qui restaient dans notre pays un des taux les plus élevés d’Europe. Ce décret imposait entre autres des normes très précises pour les locaux et le plateau technique. Un grand nombre d’établissements ne pouvant pour des raisons financières ou techniques se soumettre aux normes ont dû fermer. Les médecins généralistes abandonnèrent la pratique de l’obstétrique et l’accouchement à domicile disparut encore un peu plus.
Les sages-femmes perdirent progressivement leur indépendance, faute de travail, pour prendre place à l’hôpital sous la responsabilité d’un médecin. Le salariat a gagné dans la profession à partir des années 1960 au détriment du secteur libéral et aujourd’hui la grande majorité des sages-femmes travaille dans des structures hospitalières ou dans des cliniques.
Pourquoi l’hôpital s’est-il approprié l’accouchement
Pour répondre à cette question il nous faut faire une brève généalogie de l’hôpital. Rappelons que la pensée clinique est née à l’hôpital, à un moment précis de l’histoire de la médecine, du fait d’une configuration épistémologique particulière et sans doute transitoire. Avec la clinique la médecine scientifique faisait ses premiers pas. Et aujourd’hui encore l’hôpital est perçu comme le principe même de la rationalité médicale, parce qu’il représente « l’espace de visibilité de la maladie », c’est pour cette raison qu’il a annexé tous les aspects de la médecine y compris celui de la naissance. L’hôpital est un espace disciplinaire comme l’a montré Michel Foucault. C’est le quadrillage disciplinaire institué à l’hôpital à la fin du 18e siècle qui a transformé l’espace hospitalier en un espace analytique.
Semmelweis n’aurait pu vérifier sa géniale hypothèse en l’absence d’un espace hospitalier structuré. Lorsque son ami Jakob Kolletschka, professeur d’anatomie, mourut d’une infection après s’être blessé accidentellement au doigt avec un bistouri au cours de la dissection d’un cadavre, Semmelweis vit aussitôt le rapport entre la contamination par les cadavres et la fièvre puerpérale. C’était avant l’ère pastorienne et on ignorait encore le monde microbien, on parlait alors de miasmes. En comparant deux populations réparties dans des espaces bien définis dans le même hôpital, Semmelweis a pu vérifier son hypothèse. Il existait en effet à l’Hôpital général de Vienne, deux services.
Dans le premier service, dirigé par le professeur Johanna Klein, où Semmelweis fut nommé chef de clinique en juillet 1846, la mortalité par fièvre puerpérale était de 13 %. Dans l’autre service, dirigé par le professeur Barcht, la mortalité n’était que de 3 %.
La seule différence entre les services était le personnel qui y travaillait. Le premier servait à l’instruction des étudiants en médecine, le second à celui des sages-femmes. Semmelweis comprit que les étudiants, après avoir disséqué les cadavres, contaminaient par leurs mains souillées les patientes qu’ils soignaient dans la première clinique. Il prescrivit alors, en mai 1847, l’emploi d’une solution d’hypochlorite de calcium pour le lavage des mains entre le travail d’autopsie et l’examen des patientes ; le taux de mortalité chuta de 12 % à 2,4 %. Ainsi, l’histoire de Semmelweis illustre de façon exemplaire la fonction analytique de l’espace hospitalier. Aujourd’hui pour des tas de raisons l’hôpital a perdu cette fonction analytique.
Il n’y a plus aujourd’hui d’un côté, l’hôpital et la science, la rigueur, science et rigueur qu’on associe à la sécurité, et de l’autre l’accouchement à domicile qui représenterait un retour à une naturalité perdue, une aventure avec une prise de risque. L’accouchement à domicile est, avant tout, une autre façon d’accoucher, une autre façon d’accoucher qui est aussi susceptible de produire de la science et de nous apprendre des tas de choses que l’hôpital ne nous a pas révélées
Comme le montre très bien Marie Hélène Lahaye[5], ce qui fait croire à la dangerosité de l’accouchement à domicile, c’est d’abord le souvenir des nombreuses mortes en couche dans le passé et la croyance que c’est la généralisation de l’accouchement à l’hôpital dans les années 1960 qui aurait rendu l’accouchement plus sûr.
Or, ce n’est pas l’hôpital qui a fait s’effondrer la mortalité maternelle. C’est une invention majeure en médecine générale : les antibiotiques.
Grâce aux antibiotiques, la fièvre puerpérale, cette grande tueuse de mères en couche, a totalement disparu en Occident. Les antibiotiques ont aussi rendu les césariennes sûres à partir du début des années 1950 (avant les femmes mourraient non pas à cause des coupures du bistouri mais en raison des infections qui en résultaient), ce qui a permis de prendre en charge les 10 % d’accouchements qui se compliquent. Les statistiques montrent un effondrement de la mortalité maternelle juste après la seconde guerre mondiale, soit 15 ans avant la généralisation de l’accouchement à l’hôpital.
L’argument de la technologie : le risque hémorragique
L’hôpital moderne, l’hôpital d’aujourd’hui, ce n’est pas seulement cet espace disciplinaire qui nous vient de l’hôpital du 18e siècle. L’hôpital aujourd’hui c’est le temple de la technique : l’hôpital offre tout un panel de techniques, et cette proximité de la technique, surtout lorsqu’il s’agit de technique de réanimation c’est un gage de sécurité pour le patient. C’est vrai mais il faut moduler cette opinion. L’accès trop immédiat à la technique peut avoir des effets délétères.
J’en ai fait l’expérience dans mon hôpital à propos de l’hémorragie de la délivrance. L’argument, qu’on vous retourne immédiatement contre l’accouchement à domicile, c’est le risque hémorragique, c’est l’hémorragie de la délivrance.
Mon expérience est la suivante ; Jusqu’à la fin de l’année 2009, les accouchements publics étaient répartis sur 2 maternités qui faisaient chacune environ 1500 accouchements. L’une dans laquelle j’exerçais depuis 25 ans était niveau 3 et s’occupait des grossesses pathologiques. Or durant ces 25 ans, naturellement je me suis trouvé confronté à des hémorragies de la délivrance, mais jamais une fois je n’ai dû recourir à la chirurgie (hystérectomie) ou à la radiologie interventionnelle. Lorsque nos deux maternités ont été réuni j’ai constaté une augmentation dramatique du nombre d’hémorragies de la délivrance qui conduisait à des interventions mutilatrices de l’utérus.
Le fait de pouvoir compter trop facilement sur des techniques plus radicales conduit à éluder, à court-circuiter les étapes intermédiaires. Il y a quelque chose qui n’est pas bien fait au niveau des premiers gestes.
Et lorsqu’on considère les statistiques des pays européens, on constate qu’en ce qui concerne la mortalité maternelle par hémorragie notre pays qui privilégie la naissance en milieu hospitalier est en queue de peloton.
Conclusion
Enfin je pense qu’il doit exister un gradient de prise en charge, il ne faut pas que tous les moyens se trouvent nécessairement à portée de la main. Car on mésestime alors, on ne donne pas toutes ses chances aux premiers gestes, or on sait que dans le cas de l’hémorragie de la délivrance tout se joue dans la première demi-heure et que dans la grande majorité des cas, des gestes appropriés, assez simples, évitent l’évolution vers la catastrophe.
Au terme de cette réflexion, on peut considérer qu’il est très regrettable que nos élites obstétricales couvrent l’accouchement à domicile de leur opprobre. C’est rendre la tâche très difficile aux sages-femmes qui ont le courage de défendre cette pratique. Pratique qui repose sur une coopération avec les obstétriciens. Or malheureusement ces patientes sont généralement mal accueillies en cas de nécessité de transfert vers une maternité.
Dr Laurent Vercoustre
Sources et renvois:
(*) http://soutien-helenepariente.fr/lettre-de-soutien-dhelene/ sans oublier le site reprenant les statistiques concernant les accouchements à domicile; http://www.apaad.fr/
[1] Peat, Marwick, Stevenson & Kellog, 1991 ; Janssen, Holt, Myers, 1994 ; Olsen, 1997 ; B.C. Home Birth Demonstration Project, 2000.
[2] Ashford, 1978 ; Tew, 1978 ; Campbell et Macfarlane, 1987 ; Olsen, 1997.
[3] https://www.thelancet.com/journals/eclinm/article/PIIS2589-5370(19)30142-7/fulltext
[4] https://www.nice.org.uk/guidance/cg190/chapter/recommendations#place-of-birth
[5] Voire le billet du BLOG de Marie Hélène Lahaye » Il y a deux siècles, je serais morte en couches « . Vraiment ? et » Si je n’avais pas accouché à l’hôpital, je serais morte et mon bébé aussi « . Ah bon ?
Merci pour cette excellente présentation du sujet.
Un facteur de plus en faveur de l’accouchement à domicile : Les femmes sont en général suivies par la même sage-femme pendant toute la grossesse. Ainsi, elles peuvent bien se connaître et l’accouchement peut être d’autant plus harmonieux. De plus, par sa pratique, la sage-femme peut se méfier de certains signes pendant le suivi et confier alors la femme enceinte à un service médical.
J’ai accouché il y a trente ans en clinique et fait de nombreuses complications dont une hémorragie.J’ai bénéficié de soins intensifs pendant deux jours.Pourtant,je ne présentait aucun risque, aucun antécédent médical. Sans soins rapides,je serai probablement décédée,alors,il faut peut être réfléchir à l’accouchement à domicile même si dans la très grande majorité des cas, tout se passe bien.
Bonjour
Je vous remercie pour cet article ; pour ma part, j’ai accouché deux fois dans une clinique privée catholique, proche d’Aix en Provence, qui m’avait été recommandée. Si cela avait été possible, j’aurais préféré accoucher à la maison.
En effet, lors de ma 1ère expérience, j’ai eu des contractions un dimanche soir, week end du 1er mai, et une fois arrivée à la maternité, l’on a voulu me proposer une piqûre pour accélerer l’accouchement, que j’ai refusée. Peu de temps après, j’ai eu des contractions rapprochées et un accouchement imminent ; mon mari est alors parti chercher la sage-femme indiquant qu’il voyait les cheveux du nourrisson (j’avais demandé au préalable une sage-femme, afin de ne pas avoir à programmer un accouchement) qui était seule et occupée avec une autre patiente entrain d’accoucher. A l’arrivée d’une équipe soignante, je les ait entendu dire qu’il était trop tard pour mettre le monitoring et l’on m’a prise en charge, avec une épisiotomie et des tissus intérieurs déchirés (mais bien recousus, d’après l’aide soignante qui a fait ma toilette le lendemain).
Lors de ma 2ème expérience, 17 mois plus tard – nous avions prévenu du problème précédemment – j’ai été prise en charge dès mon arrivée, voire presque forcée d’accoucher, alors que je ne ressentais pas de contractions importantes, mais en étant en position plus assise, l’accouchement s’est fait quasiment naturellement, sans souffrance (bien sûr sans péridurale) et en une heure. J’aurais préféré qu’on me laisse un peu de temps et me dise simplement où en était l’ouverture du col.
Bref, je pense que j’aurais été mieux entourée, si j’avais accouché chez moi. De plus mon bébé n’aurait pas été éloigné de moi durant la nuit et je l’entendais crier…
Un point positif et non des moindres est cependant l’information donnée sur la contraception naturelle, la méthode Billings et j’en suis reconnaissante à cette clinique.
Je connais la maternite que vous mentionnez. J’y ai donne naissance a mon premier petit garcon. Tres decue et choquee par le manque de respect du personnel,j’ai choisi d’accoucher a domicile pour mon 2eme enfant. le jour et la nuit… Voila le recit de ces 2 accouchements: https://monvecudemaman.home.blog/2019/11/13/pour-une-naissance-en-douceur/
Merci pour cet article qui remet bien des choses à leur place. Par contre y a t’il une explication à l’augmentation des hémorragies suite à la fusion des deux maternités ? Est-ce que des pratiques pouvant induire l’hémorragie ont été constatées ?
Bonjour, bien sûr ! Rien de scientifiquement établi par une étude dans cette maternité que je connais bien, mais plus de recours à la péridurale. Moins de temps pour le personnel soignant pour accompagner correctement les couples pendant l’accouchement. Certainement, malheureusement moins de bienveillance du fait de la quantité de travail augmenté…. donc plus d’hémorragies….
Très bon article sur un sujet que je connais bien car ayant rédigé un ouvrage « Médecin Généraliste, un pléonasme belge », où j’explique que la situation catastrophique de l’obstétrique en Belgique est intimement liée à la suppression totalement injustifiée du diplôme de Docteur en Médecine, Chirurgie, et Accouchement, qui faisait du Médecin Généraliste d’antant un grand obstétricien. Voici un passage sur la question de l’obstétrique belge de terrain qui est maintenant aux mains des spécialistes de la femme (… qui officient au sein des entreprises hospitalières (…) :
Ceci peut paraître paradoxal, mais un Généraliste belge, détenteur du diplôme de Docteur en Médecine, Chirurgie et Accouchements, est actuellement dans la quasi-impossibilité de faire des accouchements. Evaluant les contextes obstétricaux en Flandre , le sociologue Jan De Cramer constate que l’accouchement médicalisé (à l’hôpital) est de loin le plus fréquent :
• « Différents facteurs ont conduit à cet état de fait. Une femme sur le point d’accoucher est de plus en plus considérée comme une malade en puissance et donc obligée d’accoucher alitée, en position horizontale. L’accouchement devient un concept médicalisé allant de pair avec les progrès technologiques dans ce domaine. L’accouchement médicalisé est intimement lié au payement à l’acte, un système qui sanctionne financièrement toute intervention a minima. Suite à quelques rares issues fâcheuses d’accouchements en milieu hospitalier, s’est créé petit à petit, autour de chaque situation prénatale, un scénario catastrophe dont la presse s’est fait largement l’écho. La pratique obstétricale est devenue de plus en plus défensive, et donc de plus en plus médicalisée, ce qui se traduit par un nombre impressionnant d’inductions, de péridurales, d’épisiotomies, et de césariennes. L’on est ainsi arrivé à considérer la grossesse comme une situation à haut risque, justiciable d’une gestion exclusive par des gynécologues officiant à l’hôpital. Cette vision tronquée de la médecine obstétricale a fait en sorte que l’accouchement naturel (à domicile) est considéré comme une véritable gageure par l’establishment et par les pouvoirs publics. Dès ce moment, la sage-femme et le Docteur en Médecine, Chirurgie et Accouchement, officiant tous deux à domicile, ont été écartés de la médecine obstétricale de première ligne. Pourtant, il existe encore dans de nombreux pays des gens qui, en conscience, optent pour un accouchement naturel à domicile. Le respect de ce choix constitue une des valeurs les plus fondamentales de notre société. La situation de non obstétrique – avec un généraliste qui n’est plus obstétricien -, laquelle se profile à l’horizon de la médecine de première ligne, signifie que les femmes n’ont plus réellement la liberté de choix, conformément à leur vision de la vie, quant au contexte obstétrical (domicile ou hôpital) et quant à ses modalités (accouchement naturel ou médicalisé) ».
Pour information, en Belgique, en plus de la possibilité de l’accouchement à domicile, il existe également quelques maisons de naissances tenues par des sages-femmes
Dans la foulée, voici ce que je dis sur ce sujet, à la page 39 de mon ouvrage « Homéopathie du nourrisson et de l’enfant » (Grancher, Paris, 2014) :
« Pourtant, il existe encore dans de nombreux pays des femmes qui, en conscience, optent pour un accouchement naturel à domicile. Le respect de ce choix constitue une des valeurs les plus fondamentales de notre société, d’autant plus que, selon une étude réalisée aux Etats-Unis , l’accouchement à domicile d’une eutocie est tout aussi sûr qu’un accouchement à l’hôpital pour autant que certains critères soient respectés – exclusion par le médecin des accouchements à risques (diabète de la mère, malposition de l’enfant, grossesse gémellaire, etc.) qui nécessitent de facto un accouchement à l’hôpital, soins prénataux et équipements adéquats, personnel paramédical ou médical qualifié – sans pour autant aller jusqu’à la médicalisation complète. Il apparaît notamment dans cette étude que les femmes accouchant à domicile subissent nettement moins d’interventions médicales (péridurales, épisiotomies, utilisation de forceps ou de ventouses, césariennes) que les femmes qui avaient accouché à l’hôpital. Aux Pays-Bas, par exemple, 30% des accouchements ont lieu à domicile sous la supervision de sages-femmes et de généralistes qui assument pleinement leurs responsabilités en la matière. Lors d’un accouchement naturel à domicile, les points suivants sont pris en considération :
L’accouchement se produit à terme, eu égard au biorythme imposé par la nature à la future maman.
1. L’essentiel est le suivi en permanence, 24 heures sur 24 par le médecin et la sage-femme qui se relayent.
2. L’accouchement se déroule à nouveau selon le biorythme corporel de la future maman (et de l’enfant) qui décide ainsi d’accoucher quand elle veut, où elle veut, et dans la position qu’elle souhaite.
3. Toutes les décisions obstétricales se font en concertation avec la future maman selon une procédure dite de consentement informel , bien codifiée en 15 points par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Notre expérience des enfants nés paisiblement et naturellement, nous fait dire qu’ils sont moins exposés aux menus inconvénients décrits ci-après, notamment les ralentissements circulatoires, la jaunisse du nourrisson et les troubles digestifs en général. Il n’existe pas, à ma connaissance, de données scientifiques sur l’impact toxicologique d’un accouchement médicalisé sur l’enfant utérin à terme, ni sur le nouveau-né. Ceci est regrettable et l’adage que le mieux est parfois l’ennemi du bien doit nous faire réfléchir sur la possibilité de revenir aux sources naturelles du début de la vie ainsi que sur le grand principe de l’Art de Guérir qui est lié au Serment d’Hippocrate : d’abord ne pas nuire. N’hésitez pas à aborder ce sujet avec votre médecin ou votre sage-femme.
En effet, une loi adoptée en novembre 2013 autorise l’expérimentation des maisons de naissance en France. Pour pouvoir bénéficier d’un accouchement dans ces lieux, certaines conditions sont requises. Pour en savoir plus, vous pouvez vous renseigner auprès de l’association CALM (« Comme à la Maison ») au 01 44 75 85 93 ou sur leur site Internet : http://www.mdncalm.org
La profession médicale de sages-femmes est la profession spécialiste de l’accouchement physiologique et la profession médicale d’obstétriciens est la profession spécialiste de l’accouchement pathologique. L’un ne doit pas se substituer à l’autre notamment les spécialistes de la pathologie ne doivent pas s’approprier du travail des spécialistes de la physiologie. L’état doit en être garant.
La profession médicale de sages-femmes est la profession spécialiste de l’accouchement physiologique et la profession médicale d’obstétriciens est la profession spécialiste de l’accouchement pathologique. L’un ne doit pas se substituer à l’autre notamment les spécialistes de la pathologie ne doivent pas s’approprier du travail des spécialistes de la physiologie. L’état doit en être garant.
Je ne peux constater qu empiriquement, tous les nourrissons et beaucoup de mamans seraient décédés autour de moi sans l accouchement à l hôpital. Un cordon autour du cou qui étouffe l enfant c est banal par exemple et peut conduire à un décès du bébé ou à un infirme moteur cérébral : libre à vous de prendre le risque d avoir un handicapé lourd pour dire « j ai accouché chez moi ».
A chacun son expérience sur le terrain et la mienne vaut ce qu’elle vaut mais en quarante ans de carrière, j’ai eu l’occasion de pratiquer et de côtoyer les deux versions de l’accouchement : naturel (à domicile) et médicalisé (à l’hôpital) : mon constat devient sans appel : l’accouchement à l’hôpital devient une aventure scabreuse pour de nombreuses parturientes…De nombreux facteurs entrent en ligne de compte pour essayer de comprendre cette dérive obstétricale lesquels sont loin d’être liés à la compétence de l’accoucheur lui-même et c’est heureux : le contexte commercial d’abord qui devient pregnant (sic) car les hôpitaux belges ont été mués en entreprises et sont soumises à la loi du marché (sic); le « malpractice » ensuite et l’épée de Damocles suspendue au dessus de l’accoucheur qui adopte une position défensive, donc de plus en plus technicisée. Mais ce qui est pour moi le plus dangereux pour une parturiente accouchant à l’hôpital est l’absence d’une situation one/one ou 1/1 : à domicile (ou dans une maison de naissance), la femme sur le point d’accoucher est suivie en permanence par le médecin généraliste accoucheur ou la sage-femme dès le travail jusqu’à l’accouchement. Dans les hôpitaux, l’on voit souvent une seule sage-femme s’occupant simultanément d’une dizaine de parturientes (cas vécu dans une clinique universitaire). Cherchez l’erreur, mais quand ça tourne mal….
Merci beaucoup pour ce témoignage Baudouin. Nous avons besoin de savoir.
La remarque très pertinente de Rafamatu qui remettait les choses à leur place en dissociant l’accouchement physiologique et accouchement pathologique ne solutionne pas le choix à faire quand on prend en compte le fait qu’un accouchement reste un acte risqué souvent par méconnaissance. C’est un acte physiologique (et bien plus sans aucun doute), en effet, et le respect de la physiologie ne commence pas à l’accouchement, ni même à la grossesse mais l’état du terrain de la mère et du père à la conception a son importance aussi.
Nos comportements, nos stress, les dérives environnementales (pesticides, ondes électro-magnétiques…) sont des facteurs aggravant importants. La surmédicalisation de la grossesse n’est pas faite pour arranger les choses : dire que des médecins arrivent à recommander des vaccins même dans cette période, cela n’aurait même pas été pensable il y a quelques années.
Le respect de la physiologie commence par le respect de notre santé et nous en sommes les premiers acteurs, même si tout est fait pour nous déresponsabiliser. Cela me fait penser immanquablement à René Quinton, qui avait ouvert des maisons pour que les femmes enceintes retrouvent un bon équilibre physiologique, qui leur permettait de mener leur grossesse à terme et d’accoucher avec plus dans de meilleures conditions physiologiques retrouvées.
Lycaon
Vous allez stresser les futures mamans avec votre commentaire, les sage-femmes savent quoi faire il me semble…
Accouchement : Le cordon autour du cou, c’est dangereux?
https://www.mereetmonde.com/blogue/accouchement-cordon-autour-cou-dangereux/
Njama qui lit « mère et Monde », des cours sur l’accouchement, mais que ne lit-il pas…
Non « mère et monde » ne faisait pas partie de ma culture éclectique, un vrai cabinet de curiosités, une bric-à-brac un peu quantique.
Il fallait bien répondre quelque chose de structuré et de rassurant à un commentaire pas bienveillant que manipule la peur. Comme disait ma grand-mère à mon épouse, être enceinte c’est une bonne maladie !
Visite d’une maison de naissance à Namur
(3’13) https://www.dailymotion.com/video/x14fyc0
Quand je parlais de maisons de naissances en Belgique, mon fils est né dans celle-là 😉
Une évolution du nombre de césariennes très inquiétante !
Césariennes: pratiques surprenantes
Par Armelle Bohineust, le 30 septembre 2011
Moins une maternité est spécialisée dans les grossesses à risque et plus elle réalise de césariennes programmées (c’est-à-dire décidées à l’avance, pas en urgence lors de l’accouchement). Ces interventions ont été plus fréquentes dans les cliniques privées (9,4%) que dans les hôpitaux publics (6,6%), selon une étude de l’Assurance-maladie (Cnam) menée auprès de 565 hôpitaux publics et privés.
Un constat inquiétant, car « les césariennes sont des interventions plus dangereuses pour la mère et l’enfant que l’accouchement par voie basse », souligne la Cnam. Autre surprise, le taux de naissances par césarienne programmée n’a rien de commun d’un département à l’autre. Il s’élève ainsi à 2,7 % dans les Landes et à 9,7 % dans la Loire.
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/09/30/97001-20110930FILWWW00718-cesariennes-pratiques-surprenantes.php
Césarienne : les cliniques privées en pratiquent davantage que les hôpitaux publics
15 septembre 2016
En France, 22,19 % des accouchements pratiqués dans les cliniques privées se font par césarienne, contre 19,40 % dans les maternités publiques, selon la Fédération hospitalière de France (FHF).
158 500 césariennes ont été réalisées entre octobre 2014 et septembre 2015 en France. Parmi elles, 50 % étaient programmées, 50 % ont été pratiquées en urgence.
https://www.doctissimo.fr/grossesse/news/Cesarienne-secteur-public-secteur-prive
Je ne sais si le modérateur me permettra d’ajouter ce qui suit, car le volume de mes interventions risque d’excéder celui de l’article du Docteur Vercoustre que je félicite au passage pour la pertinence de ses réflexions, mais on ne peut terminer cette discussion sans aborder le problème de l’apparition tout à fait incongrue et arbitraire des « spécialités » – et leurs suffixes redondants – dans le paysage médical de la moitié du dix-neuvième siècle, ce qui on conduit la Médecine générale dans l’impasse où elle se trouve.
La disparition de cette médecine de terrain est intimement liée à un glissement dangereux de la pensée médicale, de la synthèse humaniste vers l’analyse cartésienne dépersonnalisée. L’omniprésence de l’industrie du médicament, phénomène tout à fait récent dans l’histoire de la médecine, a accru sensiblement la déshumanisation du monde médical, transformant celui-ci en marché. Les hôpitaux ont suivi cette tendance mercantile et se sont mués en entreprises, parachevant ainsi une œuvre contre nature et improductive, susceptible d’inspirer moult excès et dérapages dans le chef de l’esculape moderne.
Jusqu’au milieu du siècle dernier, la délivrance, hautement naturelle, se déroulait le plus souvent à domicile grâce au Médecin Généraliste – c’est un pléonasme- et surtout grâce aux Sages-femmes ! En l’espace de quelques décennies et de manière totalement arbitraire, l’accouchement est devenu une opération médicalisée, spécialisée, intra-hospitalière – et médiatisée. Où se situe la différence – qualitative – entre un accouchement effectué par un Médecin Généraliste correctement formé et celui effectué par un spécialiste ? Moi qui ai vu les prouesses des accoucheurs d’antan, grands cliniciens humanistes devant l’éternel, je suis effaré par ce que viennent me raconter de nombreuses femmes, victimes d’accouchement-catastrophe dans les hôpitaux.
Revenons aux césariennes qui sont au cœur du débat et je me réfère à nouveau à un passage de mon essai Médecin Généraliste, un pléonasme belge. Je me suis inspiré de l’article de Mélody De Visscher : Stop aux césariennes programmées, paru dans Bien Naître (source Internet) :
« STOP AUX CESARIENNES PROGRAMMEES ! C’est le cri du cœur que lancent de nombreuses femmes qui ont vécu dans leur chair un accouchement par le haut, doux euphémisme pour expliquer au néophyte que l’on a incisé l’abdomen et la matrice pour en extirper l’enfant…. De nombreux professionnels de la santé s’émeuvent à juste titre de l’augmentation médicalement injustifiée du nombre de césariennes en Belgique qui aurait doublé (plusieurs dizaines de mille…) en l’espace d’une vingtaine d’années. Il s’agit en l’occurrence de césariennes dites de confort, programmées par exemple en fonction des activités professionnelles de la future maman ou des vacances de l’accoucheur ! Le fait que l’accouchement soit devenu instrumentalisé par des esculapes s’étant autoproclamés Césars de la population féminine en âge de procréer, a bien sûr contribué à ce qu’on peut raisonnablement appeler une dérive dangereuse dans le chef du corps médical belge. Hypermédicaliser l’accouchement, au moyen du monitoring en continu, du déclenchement artificiel et prématuré par des médicaments, et de l’épidurale parce qu’on se refuse à utiliser la ventouse et le forceps, est devenu in pour ne pas dire BCBG, mais contribue à une augmentation non négligeable d’accidents – et de césariennes sous anesthésie générale, non programmées celles-là… »
Osons regarder la vérité en face : nous ne devons pas à la spécialité de la femme et à l’hypermédicalisation hypermédiatisée des accouchements d’être aujourd’hui plusieurs milliards d’individus sur terre ! L’obstétrique belge, emportée par son élitisme infatué et la technologie qui va avec, a tout simplement omis un point de détail de l’histoire de l’humanité et de sa médecine : l’ACCOUCHEMENT EST UN PROCESSUS PHYSIOLOGIQUE NATUREL ET LA CESARIENNE UN GESTE MEDICAL D’EXCEPTION ET DE SAUVETAGE qui comporte des risques et des complications. Des risques pour le bébé tout d’abord : l’immaturité pulmonaire du bébé entraînerait plus tard, chez l’enfant, des maladies respiratoires, de l’asthme notamment ; la perturbation de la flore intestinale du nouveau-né qui n’a pas été en contact avec les germes amicaux (provenant du vagin et de l’anus de la mère) présents lors d’une naissance par voie basse, serait à la base de troubles immunitaires non négligeables dans l’enfance ; l’absence d’un allaitement maternel précoce, la mère étant en salle de réveil, va priver le bébé du colostrum qui précède la sécrétion lactée véritable mais qui est riche en anticorps adaptés au niveau-né. En fait, c’est tout un système hormonal d’une finesse inouïe car voulu par Mère Nature, qui est court-circuité par la césarienne. Le lait maternel d’une femme qui accouche normalement, par voie basse, contient des endorphines (sécrétées pour atténuer la douleur) et de l’ocytocine (pour favoriser les contractions de la matrice et le réflexe d’éjaculation du lait) qui font cruellement défaut à la femme césarisée – et surtout à son petit César, qui présenterait des troubles de l’homéostasie (taux de glucose trop bas, perturbation de la pression artérielle et de la glande thyroïde, déficit immunitaire, etc.). Cette phrase utilisée sciemment au conditionnel mériterait qu’on s’y attarde lorsque l’on considère l’obstétrique non plus comme un Art mais comme une science, voire une technique…
Et la maman dans tout cela ? Elle devient non pas une accouchée mais une opérée, certes délivrée…Mais à quel prix ? A-t-elle le sentiment d’avoir rempli son rôle naturel de femme et de mère ? Comment vit-elle le souvenir de l’épidurale, de l’anesthésie, de son réveil, des douleurs et des soins postopératoires, de l’absence de son bébé tout de suite après l’accouchement ? Bon nombre de ces réponses restent en souffrance, hélas. Il devient en effet urgent de dire STOP aux accouchements artificiels.
« De l’exception à la banalisation…
En France le taux de césariennes était d’environ 3-4 % en 1965, pour atteindre 20,1 % en 2003(…)
Les principaux facteurs de cette évolution ne sont pas biologiques : (…)
Les facteurs essentiels sont de nature sociologique et démographique. Michel Odent dans sa remarquable réflexion sur les Césariennes (2), estime que le facteur essentiel expliquant les différences nationales est le sens du rapport du nombre de gynécologues accoucheurs à celui des sages-femmes, l’excès de gynécologues favorisant un taux élevé de césariennes et l’inverse favorisant un taux plus élevé d’accouchements par voie basse. »
2) Odent M. Césariennes : questions, effets, enjeux. Alerte face à la banalisation. Editions Le souffle d’or, 2005.
https://www.cesarine.org/avant/racinet_reflexions_evolution.pdf
Le taux de césariennes tourne autour de 35 % aux USA (I), et atteint même les 40 % dans certains pays !!! (II)
(I) http://www.pediatre-online.fr/accouchement/record-de-cesariennes-aux-etats-unis/
(II) https://www.cesarine.org/avant/etat_des_lieux.php
Cercle vicieux dans les pratiques puisque les utérus cicatriciels sont un motif de générer assez systématiquement d’autres césariennes pour les grossesses suivantes. « parmi les femmes ayant un antécédent de césarienne, en 2010, 36% ont accouché par voie basse et 64% ont accouché par césarienne. » (II)
Les conséquences psychologiques tant sur la mère que sur l’enfant sont également banalisées, mais il est vrai que le sujet est vaste et qu’elles ne sont pas directement du ressort de la médecine.
Le terme de la grossesse est plus en plus « considéré » comme un risque s’il est dépassé, et c’est ici que la médecine prend aujourd’hui indûment le dessus sur la nature. Pour son premier accouchement en 1983 mon épouse a accouché « 10 jours » après terme à partir duquel il fallait se rendre à la maternité pour une petite séance de monitoring (je vous dis pas mon expérience de porteur de valise !). Le (gros) bébé était en siège et il a fait de lui-même une surprenante pirouette pendant la nuit, quelques heures seulement avant l’accouchement pour se retrouver bien positionné. Résultat une petite princesse de 3,9 kgs. Actuellement il y a de fortes chances qu’elle aurait subi d’office une césarienne, présentation en siège + macrosomie + pelvimétrie limite + terme atteint feraient beaucoup pour la justifier et court-circuiter la nature.
njama est donc un homme !
Mon dernier accouchement, n’aurait peut-être pas eu lieu par césarienne, si la ceinture imposée pour le monitoring n’avait empêché le bébé (qui se présentait par le siège) de se retourner alors qu’il le tentait dans la dernière phase, je l’ai senti, il a fait 1/4 de tour et bloqué par la ceinture a repris sa position précédente. Mais je suis responsable (par méconnaissance de la santé, à l’époque) : mon utérus était fatigué, le muscle était usé (constat dès la première échographie) à cause d’un terrain dégénéré.
Akira, on peut toujours trouver des raisons « médicales » à prévenir des risques qui n’en sont peut être pas. Le seul fait d’effectuer un contrôle du liquide amniotique, tend à provoquer l’accouchement qui n’étant arriver à « son » terme (je dirais à maturité), est alors plus long et difficile (encore du vécu, il y a 40 ans, pourtant)
Je ne sais si le Docteur Reliquet et l’aimsib me permettront cette ultime contribution tirée de mon ouvrage Médecin Généraliste, un pléonasme belge, mais je pense que l’on ne peut comprendre tout ce qui s’est dit précédemment, sans en restituer l’historique : le Médecin Généraliste d’avant-guerre, omniscient, omnicompétent (pensons au Docteur Larcher de la célèbre série Un village français), qui, dans les faits, à disparu du paysage sanitaire français, au profit de spécialistes divers, qui, non contents d’être à la base d’un hospitalo-centrisme déshumanisé, technicisé, et commercial, ont essaimé dans les villes et les campagnes.
« La médecine est un Art de Guérir qui comportera toujours des risques calculés, quelle que soit la décision prise. Même la prescription d’une vulgaire aspirine en cas de grippe peut avoir des conséquences dramatiques! Un ancien professeur de médecine disait très justement qu’un bon médecin doit aller se coucher, la peur au ventre : celle du lendemain face aux responsabilités écrasantes qui sont les siennes. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. La politique de renoncement et d’échelonnement qui caractérise actuellement la pratique d’un Généraliste rend peut être cette dernière moins périlleuse, mais peut-on considérer cela comme un acquis pour la profession? Une question qu’il faudrait poser à cette population grisonnante qui a apprécié jadis cet esculape, Médecin, Chirurgien, Accoucheur, sûr de lui, déterminé dans l’action, et qui est maintenant confrontée à cet échelonneur- sachant –et-osant- si- peu.
Lorsque, un soir de garde, je me suis retrouvé dans un taudis devant une femme qui était en train d’accoucher sur une paillasse alors qu’elle n’avait jamais consulté un médecin durant toute sa grossesse, j’ai osé. Je l’ai transportée dare-dare vers la clinique la plus proche, sur la banquette arrière de ma pauvre Lada qui ne tenait pas la route et qui a manqué plusieurs fois de verser dans le fossé car il pleuvait et la route était très dangereuse. Sur le siège du passager, à ma droite, gesticulait le futur père, furieux de voir sa femme geindre, allant jusqu’à l’insulter. Les mains crispées sur le volant, j’assistais impuissant à ce drame de la vie. Par miracle, nous sommes arrivés sains et saufs. Lorsque je suis entré dans la maternité, j’ai agi, balayant d’un « bien sûr », dit droit dans les yeux, les hésitations de la nonnette – c’était l’époque où les maternités belges étaient encore peuplées de religieuses, dites nonnes ou nonnettes – et sage-femme de garde, déjà imprégnée de la gynécologie naissante (sic) qui m’a demandé benoîtement si c’est bien moi qui allait faire l’accouchement alors que celui-ci était déjà largement engagé et qu’aucun indice ne désignait une complication à venir? Sans blague ! Après avoir risqué dix fois ma peau sur une route sinueuse et pluvieuse, j’étais censé renoncer à mon titre de Docteur en Accouchements et devenir chauffeur de taxi ou ambulancier à la petite semaine au service de cet autre accoucheur d’un genre nouveau et au titre ronflant, se terminant par un suffixe redondant…Allons donc !
Heureusement, grâce à mon bon sens clinique et à la conviction sans faille qu’un accouchement est l’acte le plus naturel au monde, j’avais déjà mené à bon terme plusieurs délivrances dans cette même maternité et je commençais d’ailleurs à m’y faire une petite réputation. Cela se vérifiera plus tard lors de l’éviction des Généralistes accoucheurs (sic) de cette maternité par le gynécologue accoucheur (sic), appuyé pas le médecin chef, un orthopédiste (…), et les managers (sic) de l’entreprise hospitalière (sic) : je ne figurais pas sur leur liste noire, étant même autorisé, sous certaines conditions à poursuivre mes activités d’accoucheur d’occasion. J’ai dit adieu à ces deux spécialistes dont le parcours professionnel sera jalonné de nombreux contentieux, et confié mes parturientes au Docteur D. qui, depuis de nombreuses années, les accouche à domicile ou dans des maternités amies. Je me targue bien volontiers le jour d’aujourd’hui d’avoir en clientèle des centaines de femmes et d’enfants en attente de découvrir la gynécologie et la pédiatrie…
C’est donc, salué cornette bien basse par ma religieuse, que j’ai pénétré avec ma parturiente et son mari dans le saint des saints : la salle d’accouchement. L’épisiotomie que j’ai effectuée de routine s’est avérée bien inutile car l’enfant était malingre et la délivrance a été des plus faciles. J’ai gardé de cette aventure un sentiment du devoir accompli, hélas teinté d’amertume car le nouveau-né, bien que venu au monde en relative bonne santé, a été très vite victime de maltraitance par ses parents qui se sont vus retirer la garde de l’enfant…Grandeur et décadence de l’Art de Guérir. Cherchez la science… »
Et quels sont les avantages de l’accouchement à domicile ?
– suivi par une seule sage femme
– environnement familier moins stressant
– ?
Il y a aussi ça cher Docteur :
https://www.change.org/p/agn%C3%A8s-buzyn-mobilisons-nous-pour-la-n%C3%A9onatalogie?recruiter=922640917&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=psf_combo_share_abi&utm_term=psf_combo_share_initial&recruited_by_id=c34a393b-c1d8-4d1e-9915-d6b164fc2beb&utm_content=mit-20201399-10%3Av2
important et à signer si on sympathise.
@ Dr Laurent Vercoustre : Le 26/04/2020 malgré le confinement, un peu moins restreint en Suisse, un petite fille est née à domicile, dans l’eau et dans piscine portative avec la seule aide d’une sage femme et de la « Douna » ( son assistante)sans aucune difficulté. La maman et la nouvelle venue au monde sont en parfaite santé. Dieu merci.