Nous voici avec un nouvel article accablant signé de notre Vigilant. La propagande, les mensonges et les falsifications des industriels du médicament ne se sont évidemment pas arrêtés au seul cas du vaccin H1N1 comme vu précédemment, Voici un rappel éclairant sur cette vieille affaire de SEP et de vaccin contre l’hépatite B. Bonne lecture.

Avant de passer en revue les mensonges de l’Académie de Médecine et d’Infovac, (prochain article) regardons la « méta-analyse » – ce qui est réputé pour être le « plus haut niveau de preuve en épidémiologie » (je vous ai vu rire au fond de la salle, je vous demande de vous arrêter !)

La dernière méta-analyse

C’est ce truc là [1] et c’est évidemment publié dans Vaccine, donc rassurez-vous, en bonne revue de propagande, on conclut qu’il n’y a aucun risque.

Conclusions : Aucune preuve d’une association entre la vaccination contre l’hépatite B et les démyélinisations centrales n’a été trouvée.

Qu’est-ce qu’une méta-analyse ?

Le lecteur peu familier avec la littérature scientifique ignore peut-être ce qu’est une « méta-analyse ». Il ‘agit en gros d’une synthèse de la littérature publiée sur un sujet : on prend tout ce qu’on trouve d’éligible et publié sur un sujet, on mélange le tout et on essaye d’en sortir une conclusion.

Les problèmes

Il y a tout un tas de problèmes avec ça; en premier c’est l’effet tiroir ou biais de publication. Cela fait bien longtemps que l’industrie phagocyte toutes les publications (les revues médicales tirent une partie significative de leurs revenus des tirés à part – à votre avis qui les achète ? [2]) et qu’une étude favorable aux intérêts bien compris des industriels – fut-elle très nulle – sera publiée, alors qu’une étude défavorable aux industriels – aussi bonne qu’elle puisse être – aura beaucoup de mal à être publiée.

Il serait trop long de donner une bibliographie complète concernant le niveau incroyable de corruption dans le domaine des publications médicales, alors contentons-nous d’un exemple récent fourni par Marcia Angell qui a dirigé le New England Journal of Medicine (NEJM) pendant plus de 10 ans [3].

Là elle vous explique que sur 38 essais positifs, 37 ont été publiés (97%) alors que sur 36 essais négatifs, 33 (91%) n’ont pas été publiés du tout ou ont été publiés mais de manière à présenter les résultats de manière positive !

On en arrive au point où les plus éminents chercheurs lancent une initiative (RIAT : Restoring invisible and abandoned trials: a call for people to publish the findings) pour republier les données caviardées par l’industrie [4]. Exemple concret : plus de 12 ans après la commercialisation du Gardasil, Peter Doshi en appelle à ré-examiner les essais de ce vaccin tant les études cliniques le concernant sentent mauvais.

Vous comprenez bien à ce stade que tout est vicié puisque tout ce qui est défavorable finit à la poubelle; sans même parler des fraudes pures et simples.

Un autre problème majeur est l’hétérogénéité des données intégrées. Le principe de la méta-analyse c’est de mélanger des études (en gros : tout et n’importe quoi; des études de bonne et mauvaise qualité, sur des populations différentes; concernant des produits différents, avec des durées de suivi différentes avec et protocoles différents…), on passe tout dans le panier à salade, on secoue bien et on essaie de tirer quelque chose.

Si mélanger des études suivant des protocoles et fournissant des données homogènes a du sens, mélanger des données hétérogènes n’en a aucun ! Et nous allons vous montrer ce que ça donne.

Preuve par l’exemple

Les résultats pour la partie SEP sont ceux-ci

Il ne s’agit pas ici de faire une critique exhaustive de toutes ces études (c’est pénible) – on va simplement regarder ce truc-là [5].

Cette étude est la plus importante du pooling et compte pour quasiment 1/4 (24%) de la pondération totale ! Un truc pareil doit forcément être de très bonne qualité. Allons voir:

Il s’agit d’une gigantesque étude cas-témoin menée au Canada cherchant un lien entre SEP et maladies infectieuses. Au passage ils ont testé les vaccinations. 14 362 cas et 7 671 témoins, ça c’est de l’étude qui en jette !

On a juste demandé aux sondés de répondre à des questions concernant leur historique de maladies infectieuses et de vaccination avec un choix de trois réponses possibles : « oui », « non » ou « inconnu ».

L’exposition aux vaccins a été déterminée sur un simple questionnaire ! (auquel les gens peuvent répondre n’importe quoi)

En conséquence :

  • aucun contrôle administratif (carnet de vaccination, remboursement de produit par un système d’assurance santé…)
  • aucune discussion sur le type de produit (ont-ils été vaccinés avec des vaccins monovalents comme Engerix B ou le Recombivax HB – tous deux commercialisés dans la seconde moitié des années 80 – ou le bivalent Twinrix commercialisé à la fin des années 90 – y a-t-il des cas pédiatriques vaccinés avec Infanrix hexa ?)
  • aucune discussion sur les délais (les cas ont-ils déclaré une SEP 3 jours, 3 mois ou 3 ans après avoir été vaccinés ?)

Les auteurs n’ont même pas demandé (ni contrôlé) l’antériorité de la vaccination par rapport à l’apparition de la SEP (« [had received certain vaccines] during early life » et non « before multiple sclerosis onset« ) ce qui est quand même le pré-requis le plus basique possible – un effet indésirable ne pouvant être imputé à un médicament si le dit médicament a été administré après la survenue du problème !!!!

C’est à dire qu’il ont considéré comme exposés des gens ayant été potentiellement vaccinés APRÈS la déclaration de la SEP (éviter cela aurait imposé un contrôle strict du statut vaccinal et une revue du dossier médical pour déterminer la date des premiers symptômes). On notera au passage que l’étude est faite en 2009 mais qu’il y a eut une petite campagne de vaccination mondiale datant du milieu des années 90… En fait il y a juste 15 ans de retard quoi.

Sauf erreur de ma part le premier vaccin contre l’hépatite B a été développé dans les années 70 pour être commercialisé dans la première moitié des années 80. Ce vaccin (basé sur du sérum) sera remplacé dans la seconde moitié des années 80 par les vaccins recombinants.

Les cas de sclérose en plaque et les témoins ont été interrogés sur des maladies infectieuses/vaccinations étant survenues des décennies plus tôt ce qui signifie que les informations collectées sont susceptibles de biais de reporting et de rappel.

À ce stade il n’y a même pas à lire la suite de l’article pour le mettre directement à la poubelle. À partir du moment où le pré-requis le plus basique (validation de l’antériorité de la cause présumée par rapport au phénomène observé) n’est pas rempli ce genre d’étude ne devrait même pas être éligible à quoi que ce soit.

Le contrôle du carnet de vaccination n’est pas le saint Graal de la validation de l’exposition puisque qu’en milieu professionnel ou scolaire on pourra toujours faire des vaccinations en laissant son carnet de santé chez soi par simple oubli comme cela s’est déjà vu; mais cela reste un contrôle indispensable et minimal.

De plus on suppose que chez les professionnels de santé vaccinés, la « mémoire » des vaccins reçus aura tendance à être bien plus pertinente que celle d’individus ne travaillant pas dans le secteur ou d’enfants que l’on pique à la chaîne.

Bonus

Les auteurs ont des signaux à l’extrême limite de la significativité statistique pour les vaccins Rougeole, Oreillons et Rubéole ! Heureusement la note sous le tableau nous rappelle que les tripatouillages nauséabonds (appelés de manière pudique « ajustements de Bonferroni » – qui dans le cas présent ne servent à rien d’autre qu’à faire disparaître des signaux gênants car les différents tests effectués ne sont pas liés à un test d’hypothèse unique globalisé) sont là pour régler le problème.

Vous avez compris que vue la qualité du contrôle de l’exposition des cas à ces vaccins, ces signaux ne valent rien (je doute que qui que ce soit ait entendu parler de la moindre polémique de SEP après réception de ces vaccins là). La seule chose crédible dans ce tableau et retrouvée dans la littérature est celui sur la mononucléose car l’ampleur du signal (risque relatif > 2) permet probablement de neutraliser au moins en partie le biais d’information.

Pour être complet je n’ai pas trouvé grand chose sur les liens SEP / ROR par contre on a quelques cas remontées dans la littérature sur les myélites transverses qui semblent être liées à la valence rubéole.

Le principe du GIGO

Non, ce n’est pas une pièce du boucher d’en bas de chez vous, ça veut dire « garbage in garbage out » (ou trash in trash out). Cela signifie qu’un bon système (ce que sont sensés être les méta analyses et autres revues systématiques), si on lui donne de la merde à l’entrée, vous sortira de la merde à la sortie (littéralement).

Vous vous demandez peut-être si les autres études incluses dans la méta analyse sont de la même « qualité » que celle présentée plus haut ? La réponse est « oui » pour certaines d’entre elles (je n’ai néanmoins pas fait de revue exhaustive).

À ce stade vous comprenez bien que :

  1. la qualité d’une « méta-analyse » est à l’image de la qualité des études intégrées dedans, et qu’on peut déduire que celle là (comme les autres d’ailleurs) est bonne pour la poubelle

  2. il est fondamental pour l’industrie de financer et faire publier tout un tas d’études de merde mais rassurantes afin de créer le consensus pour que toutes ces publications rassurantes soient évidemment intégrées dans les revues systématiques et autres méta analyses pour noyer les quelques éventuelles bonnes publications qui risqueraient d’être inquiétantes (et qui de toute manière ont de grandes chances de ne jamais être publiées).

     

Conclusion

Vous connaissez Richard Smith ? Il a été éditeur du British Medical Journal pendant 25 ans et pendant 13 ans, responsable éditorial du groupe avec 26 journaux sous sa responsabilité. Et il a écrit ceci [6] (on vous recommande au moins la lecture de l’introduction pour mesurer le niveau de corruption intellectuelle dans le milieu des publications scientifiques)

Oui ça on a bien compris. Désormais, si on vous parle de « consensus scientifique » ou si vous lisez des études épidémiologiques, des comptes rendus d’essais cliniques et des méta analyses, on vous recommande la plus grande prudence quant à la fiabilité et la sincérité des résultats fournis…

Et n’oubliez pas, la méta-analyse est « le plus haut niveau de preuve en épidémiologie ».

Merci pour ce moment !

La belle méta analyse présentée ici ayant tout juste un an (publiée en février 2018), joyeux anniversaire !

 

Sources:
[1] Mouchet J et al. Hepatitis B vaccination and the putative risk of central demyelinating diseases – A systematic review and
meta-analysis. Vaccine (2018), https://doi.org/10.1016/j.vaccine.2018.02.036
[2] High reprint orders in medical journals and pharmaceutical industry funding: case-control study, BMJ 2012; 344 doi: https://doi.org/10.1136/bmj.e4212 (Published 28 June 2012), BMJ 2012;344:e4212
[3] Angell M. Transparency Hasn’t Stopped Drug Companies From Corrupting Medical Researc, 
[4] BMJ 2013;346:f2865
[5] Ramagopalan SV, Valdar W, Dyment DA, et al. Association of infectious mononucleosis with multiple sclerosis. A population-based study. Neuroepidemiology 2009;32(4):257–62
[6] Smith R (2005) Medical Journals Are an Extension of the Marketing Arm of Pharmaceutical Companies. PLoS Med 2(5): e138. https://doi.org/10.1371/journal.pmed.0020138

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