Infatigable lanceur d’alerte, pharmacien de profession, Serge a largement contribué à diffuser une information indépendante sur la vaccination en général et les techniques de communication des firmes pharmaceutiques dans son dernier livre, Vaccin oui ou non, Talma ed. Il nous livre ici ses réflexions sur les conflits d’intérêts en Médecine, des relations parfois totalement répréhensibles liant les industries pharmaceutiques aux décisionnaires politiques et à certains médecins  leaders d’opinion. Une lecture éclairante.

CONFLITS D’INTERETS = un risque sanitaire majeur

Le coût humain des scandales sanitaires est lourd : plus de 120.000 accidents cardio-vasculaires et 30.000 décès aux USA pour le seul Vioxx, au moins 1.300 morts en France pour le Médiator, sans compter ceux du Staltor ou de l’Avandia. Ces médicaments avaient pourtant un bénéfice/risque douteux dès leur sortie.

Dès lors comment est-il possible que ces médicaments aient été autant prescrits ? Ainsi il n’aura fallu qu’un mois pour que le Celebrex, qui présente pourtant un surcroît de risques cardio-vasculaires, emporte 60% des prescriptions d’AINS des rhumatologues.

L’action des médecins leaders d’opinions aux nombreux conflits d’intérêts a été déterminante. Les morts des scandales sanitaires ne sont que la partie émergée de l’iceberg. L’iatrogénie médicamenteuse est responsable, selon la Commission Européenne, de 200.000 décès chaque année dans l’union, dont la majorité est due à des prescriptions inadaptées car influencées par le marketing (pris en charge par nos organismes sociaux) plus que par la science et sont donc totalement évitables.

La place proéminente qu’occupe le médicament dans notre système de santé résulte d’une formation médicale sous influences qui conduit à favoriser une réponse essentiellement médicamenteuse et stéréotypée pour chaque situation clinique ou chaque paramètre biologique jugé anormal. La réflexion sur la pertinence des soins ou la place de l’abstention thérapeutique sont rarement des sujets enseignés. On néglige des activités essentielles comme l’éducation thérapeutique ou les soins de prévention qui ne représente que moins de 2% des dépenses de santé.

La promotion des médicaments récents, plus chers et beaucoup moins évalués que les anciens, contribue à augmenter les dépenses de santé de manière inappropriée et met en péril notre système de santé solidaire. Ainsi des études fondées sur des preuves scientifiques irréfutables pourraient, outre améliorer l’état de santé des patients, engendrer de substantielles économies sur les coûts des prescriptions.

Les pratiques médicales, respectant au mieux les données de la science loin des influences marketing, permettraient de mieux soigner et à moindre coût, dégageant ainsi des marges de manœuvre importantes pour financer les soins de prévention et les milliers d’emplois nécessaires dans le secteur sanitaire et social.

La politique vaccinale suit la même logique à la nuance près qu’elle s’adresse à des populations saines, mal informées des risques potentiels des vaccins dont les plus graves n’apparaissent même pas dans les dossiers d’AMM tels les décès ou cas d’autisme pour les vaccins hexavalents et le ROR par exemple. A contrario des médicaments classiques, leur pharmacocinétique n’est pas étudiée sinon à postériori avec les conséquences que l’on observe : un déni insupportable des institutions à reconnaître leurs effets collatéraux sur les populations.

Il est donc du devoir des praticiens de choisir l’indépendance et de développer leur esprit critique vis-à-vis des stratégies mises en œuvre par les firmes pharmaceutiques dans le seul but de favoriser leurs propres intérêts, d’autant plus que la Loi Kouchner du 4 mars 2002 stipule que le patient doit être informé de l’utilité des traitements qui lui sont proposés, de leurs effets secondaires et des alternatives disponibles.

Analyser la balance bénéfices/risques est la condition indispensable pour que la décision qui revient au patient soit « libre et éclairée ».

Il existe donc une discordance entre les attentes légitimes des patients et la pratique dominante médicale qui s’explique par la qualité variable de la formation des praticiens et leur dépendance aux intérêts de l’industrie. La formation médicale continue est biaisée par un financement quasi exclusif des firmes pharmaceutiques avec répercussion sur les résultats sanitaires de la population.

Remettre en cause ses connaissances et sa pratique génère une inconfortabilité mais garder l’esprit critique est indispensable pour maintenir le seul intérêt des patients. Il faut donc se garder de l’impartialité des sociétés savantes, des leaders d’opinions et même de la HAS et privilégier les revues indépendantes telles Prescrire, Minerva, Pratiques, le réseau Cochrane ou le blog Voix médicales.

Il y va de la crédibilité de l’acte médical et de la confiance accordée par la population.

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